Les dangers des pesticides ont-ils été sous-évalués ? C’est ce qu’affirme une nouvelle étude menée par le Pr Gilles-Eric Séralini, le chercheur qui avait mené l’étude controversée sur les effets des OGM. Et il frappe fort à nouveau. Selon ses travaux menés avec ses collègues de l’université de Caen et le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen), publiés dans la revue BioMed Research International, les pesticides seraient « deux à mille fois plus toxiques » que ce qui a été annoncé jusqu’à maintenant.
Si le Pr Gilles-Eric Séralini parvient à des résultats aussi alarmants, c’est parce qu’il a évalué la toxicité des pesticides non pas sur la seule substance active mais sur les formulations complètes des pesticides commercialisés. Autrement dit, avec les adjuvants, « qui sont souvent gardés confidentiels et appelés inertes par les fabricants », précisent les auteurs de l’étude.
Le "Roundup" au top de la toxicité
La toxicité de 9 pesticides a donc été testée, en comparant les principes actifs et leurs formulations, sur trois lignées cellulaires humaines. Parmi les herbicides , les insecticides et les fongicides, ce sont les derniers – les fongicides – qui se sont révélés les plus toxiques, avec des concentrations pourtant de 300-600 fois plus faibles que les dilutions agricoles.
« Malgré sa réputation relativement bénigne », écrivent les chercheurs, le Roundup était de loin le plus toxique parmi les herbicides et les insecticides testés. Et surtout, 8 formulations sur 9 étaient plusieurs centaines de fois plus toxique que leur principe actif.
La dose journalière admissible à revoir
Ces résultats font dire au Pr Séralini et à ses collègues que la dose journalière admissible pour les pesticides doit être revue car cette norme est calculée à partir de la toxicité du principe actif seul.
Reste maintenant à savoir quel accueil va recevoir ce nouveau pavé dans la mare du Pr Séralini. Sa précédente étude sur les rats avait finalement été retirée de la revue où elle avait été publiée. Elle estimait que « les résultats présentés, s’ils ne sont pas incorrects, ne permettent pas de conclure ». Par ailleurs, l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) avait conclu en octobre 2013 que « malgré un important volume de données, des conclusions fermes ne peuvent être établies pour la majorité des effets sanitaires considérés. » L'Efsa indiquait n'avoir identifié que deux pathologies dont le risque de survenue était statistiquement associé à l'exposition aux pesticides: les leucémies infantiles et la maladie de Parkinson.
Quelques mois auparavant, en juin 2013, l’Inserm avait en revanche estimé qu’il existait « une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte ». Et la liste était longue : cancer de la prostate, leucémies, maladies neurodégénératives, Parkinson…