Entre 20 et 45% des patients atteints de démence souffrent de sous-nutrition et perdent du poids l’année suivant le début de leur maladie. Ces personnes, souvent âgées, sont particulièrement mises en danger par un changement brutal de régime alimentaire. Dans un rapport intitulé « Nutrition et démence », l’organisme Alzheimer’s Disease International (ADI) a tiré ce 11 février la sonnette d’alarme sur ce sujet qui concerne 44 millions de personnes.
Un déclencheur ou un symptôme ?
La perte de poids et d’appétit est un phénomène qui survient naturellement avec le vieillissement. Selon le rapport, 1 personne âgée à domicile sur 10 en souffre. En maison de retraite, le nombre monte à 30%. En hôpital, c'est le cas de 7 personnes âgées sur 10. Chez les personnes atteintes de démence, la question devient particulièrement sensible. Ces patients âgés sont plus fragiles et susceptibles de faire une chute grave. Une alimentation trop pauvre a aussi des effets néfastes sur un cerveau déjà malade, ce qui risque d’accélérer la progression de la maladie. Dans son rapport, ADI envisage même la sous-nutrition comme un déclencheur de certaines formes de démence. D’autres études ont décrit la baisse d’appétit comme un symptôme précoce de maladie.
Surveiller l’alimentation des personnes âgées
« Pour les personnes âgées, on peut contester l’idée que la sous-nutrition est meilleure pour la santé que l’obésité, et elle est particulièrement répandue chez les personnes souffrant de démence », explique le Pr Martin Prince, co-auteur du rapport. « Alors que la perte de poids en cas de démence est très commune, et peut être une part intrinsèque de la maladie, elle pourrait être évitée et nous devrions faire plus pour régler ce problème. » Pour cela, le rapport préconise plusieurs mesures à mettre en place pour améliorer la nutrition des patients atteints de démence. « Nous pensons que se concentrer sur le régime, la nutrition et le bien-être est une approche positive pour soutenir les patients déments et les soignants. Ce rapport montre aussi qu’il faut étudier davantage le rôle potentiel de la nutrition dans la réduction du risque de développer une démence », résume Marc Wortmann, directeur exécutif d’ADI.
Améliorer l’alimentation des patients déments doit passer par le régime lui-même : des standards nutritionnels doivent être définis. Il faut aussi mettre en place une modification des facteurs extérieurs, notamment de l’environnement. ADI recommande d’ajouter aux soins des patients la surveillance du poids, l’évaluation régulière du régime et du comportement alimentaire. Une formation des familles et des professionnels de santé est pour cela nécessaire, afin qu’ils prennent pleinement conscience du défi que représente le maintien d’une nutrition adéquate.