Le 6 avril 2010, l'Assemblée nationale adoptait un projet de loi visant à ouvrir à la concurrence le marché des jeux d'argent et de hasard (JAH) en ligne dans trois domaines : les paris sportifs, les paris hippiques et le poker. Plus de trois ans après, l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et l'Observatoire des jeux (ODJ) ont mené un enquête sur le profil "particulier" des joueurs de poker. Et les résultats pour ces accros des jeux de cartes ne sont pas rassurants ! Le poker serait en effet le plus addictif des jeux en ligne.
Plus d'assiduité, de dépenses...
Selon l'étude OFDT/ODJ, les joueurs de poker sont plus assidus (20,9 %), de manière quasi quotidienne, contre 10,9 % pour le reste des joueurs en ligne (jeux de tirage et de grattage, paris sportifs et hippiques). Ces derniers dépensent aussi davantage en moyenne que les autres : 778 euros par an contre 627 euros pour les autres joueurs en ligne.
Par ailleurs, si l'on prend en compte les neuf critères du "jeu problématique", les joueurs de poker sont au dessus des autres joueurs dans tous les domaines. Par exemple, 42,7 % des joueurs de poker rejouent pour "se refaire" (26,8 % pour les autres joueurs), et 17,4 % des joueurs de poker misent plus d'argent que prévu (14,7 %).
Concernant le portrait-robot du joueur de poker en ligne, il s'agit généralement d'un homme jeune, célibataire et plutôt diplômé.
Fréquence des critères du jeu problématique: joueurs exclusifs de poker VS les autres
Une incidence négative du poker sur les habitudes de vie de ces accros
En outre, cette étude pose un autre constat, plus inquiétant encore : comme la nature du jeu de poker est susceptible de s’étaler sur plusieurs heures, ce jeu conduit près de trois quarts des joueurs de poker en ligne (72,5 % vs 44,2 % pour le reste des joueurs en ligne) à pratiquer cette activité en soirée jusque tard dans la nuit. Et l’incidence négative de cette pratique sur l'hygiène de vie des joeurs est d’ailleurs mise en avant dans cette enquête.
Ainsi, près de cinq joueurs sur dix (45,6 %) déclarent que le poker en ligne empiète sur leur temps de sommeil (vs 13,0 %).
De plus, pour un tiers d’entre eux (34,8 %) les parties de poker s’accompagnent de grignotage (vs 11,7 %).
Enfin, près de six joueurs sur dix (61,7 %) considèrent que leur activité de jeu a une incidence certaine sur leurs habitudes de vie, les conduisant à négliger certaines tâches quotidiennes au profit du jeu (vs 22,2 %). Et selon eux, ce comportement peut même induire des problèmes avec l’entourage. Pour preuve, près d’un joueur de poker en ligne sur cinq déclare que leur habitude de jeu a déjà fait l’objet de critiques de la part de proches (18,9 %) contre 12,1 % chez le reste des joueurs internautes.
Conclusion de l'ODJ/OFDT, « ce jeu qui est pratiqué de manière assez assidue par ses adeptes entraîne des problèmes d'ordre sanitaires ou sociaux pour plus d'un jour sur cinq. » Et ces derniers de rajouter que ce phénomène « semble lié au principal avantage apporté par Internet, bien perçu par les joueurs eux-mêmes, qui permet un plus grande accessibilité du jeu. »