Des « humains améliorés » seraient-ils parmi nous ? Si le Comité consultatif national d’Ethique (CCNE) réfute l’expression dans son avis du 11 février, il confirme que la neuro-amélioration n’appartient plus au domaine de la science-fiction. Il incite à la plus grande prudence envers les différentes méthodes dont on ne connaît pas encore les effets.
Du médicament à la stimulation transcrânienne
La neuro-amélioration (traduction de « brain enhancement ») désigne les différentes techniques qui visent à améliorer les performances intellectuelles et l’état émotionnel. Le plus souvent, les prétendants au titre de « cerveau amélioré » ont recours aux médicaments : Ritaline, Modafinil, amphétamines… Mais le CCNE signale d’autres méthodes plus exotiques, ordinairement réservées aux domaines psychiatrique et neurologique : la stimulation cérébrale transcrânienne (faire passer un champ magnétique ou électrique sur le crâne) ou encore le « neurofeedback », qui apprend le contrôle en temps réel de sa propre activité cérébrale. Tout cela dans un même but : optimiser son activité cérébrale. Le « neurofeedback », chez les patients non malades, est aisément maîtrisé : 4 personnes sur 5 en seraient capables. A court terme, la mémoire est améliorée ainsi que d’autres capacités : temps de réaction, apprentissage ou encore capacités visuo-spatiales.
Les étudiants veulent booster leur cerveau
Il n’existe pas vraiment de profil type d'adeptes de la neuro-amélioration. Mais, lorsque l’on parcourt l’avis du CCNE, il ressort une donnée essentielle : enfant, adolescent et personnes vulnérables doivent les éviter. Pourtant, le Ritaline est un médicament de référence dans le traitement de l’hyperactivité chez l'enfant. Dans la pratique, on observe que les étudiants sont particulièrement friands de l’amélioration des capacités cérébrales. Aux Etats-Unis, ils seraient 8 à 25% à consommer du Ritaline pour booster leurs performances. En France, selon le dernier état des lieux de l’Observatoire de la Vie Etudiante (OVE), les compléments alimentaires sont privilégiés. Mais les solutions médicamenteuses ne sont pas loin derrière.
Des risques encore inconnus
Une « neuro-amélioration biomédicale » chez des sujets sains « ne préjuge nullement qu’une telle amélioration soit acquise, » signale l’avis du CCNE. Outre cette méconnaissance des bienfaits de l’amélioration cérébrale, ses effets néfastes sont encore inconnus et extrêmement variables selon le niveau de base de l’individu et le type de stimulation utilisé. La réversibilité de ces effets indésirables, l’addiction en premier lieu, n’est pas non plus connue.
A long terme, les effets sont encore inconnus : « Le rapport bénéfice/risque à long terme du recours aux techniques de neuro-amélioration est inconnu et risque de le demeurer encore longtemps, » indique le CCNE. Et de conclure sur une interrogation d’ordre éthique : « Est-ce réellement un bénéfice pour le sujet si, par exemple, l’amélioration de sa mémoire fait resurgir des souvenirs douloureux ou empêche de les enfouir ? Et comment quantifier non pas seulement l’amélioration du résultat à un test spécifique donné, mais l’amélioration du fonctionnement global du sujet lui-même ? Les études actuelles ne permettent pas de répondre à ces questions. »