Un footing le week-end pour se maintenir en forme ? Si vous êtes plutôt attiré par deux jours devant la télévision, il est possible que vos gènes soient en cause, signale une étude parue ce 13 février dans la revue PLOS Genetics. Des scientifiques britanniques et chinois ont découvert un gène qui explique en partie pourquoi certains sont moins enclins à pratiquer de l’exercice que d’autres et sont plus à risque de grossir et de développer des problèmes de santé.
Des « rats » de canapé
L’épidémie de « couch potatoes » fait rage aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Ce terme désigne ceux qui traînent sur leur canapé plutôt que de pratiquer d’autres activités, physiques ou non. Pour expliquer cela, les chercheurs ont exploré la piste génétique avec deux types de souris : des animaux "normaux" et d’autres porteurs d’une mutation génétique. Le gène SLC35D3 produit une protéine clé qui stimule la dopamine, un neurotransmetteur qui régule l’alimentation et les niveaux d’activité physique. Normalement, ce gène aide un récepteur de dopamine à circuler de l’intérieur de la cellule à sa surface. Chez les porteurs de la mutation, la plupart des récepteurs sont bloqués.
« Nous avons découvert que les souris porteuses de cette mutation génétique étaient de véritables rats de canapé », explique le Pr Wei Li, auteur principal en Chine de l’étude. « Elles marchaient un tiers moins qu’une souris normale, et quand elles bougeaient, elles le faisaient plus lentement. Les souris sont devenues grosses, elles ont développé d’autres symptômes similaires à ce qu’on appelle le syndrome métabolique – un terme médical qui désigne une combinaison de facteurs de risques liés au diabète, à l’hypertension artérielle et l’obésité. »
1 personne sur 200 programmé pour rester avachi sur son canapé
Il est donc démontré que la mutation du gène SLC35D3 favorise l’inactivité et la prise de poids, en tout cas chez la souris. Pour vérifier si ces données sont applicables à l’être humain, les chercheurs ont analysé l’ADN de 400 Chinois en surpoids ou obèses et souffrant de syndrome métabolique. Deux d’entre eux seulement étaient porteurs de la mutation. Un maigre résultat qui ne décourage pas pour autant l’équipe de recherche. Le Pr John Speakman, co-auteur en Grande-Bretagne de l’étude se montre même optimiste : « Même si seulement une personne sur 200 peut porter cette « rare » mutation, il y a beaucoup de gens dans le monde avec un syndrome métabolique. Par conséquent, la population de personnes qui pourraient bénéficier d’un traitement à base de récepteurs de dopamine atteint plusieurs millions. »
L’étude a aussi permis de mettre au point un premier médicament pour les souris mutantes qui se substitue partiellement au gène et apporte des récepteurs de dopamine. Un espoir de médicaments personnalisés pour les « rats de canapé » humains. Mais si la génétique fait une partie du travail, elle ne doit pas être accusée de tous les maux : l'environnement et les habitudes de vie sont aussi en grande partie responsable de l'épidémie de « couch potatoes ».