Aux Samoa Américaines, 3 adultes sur 4 sont obèses. C’est le pays où la plus forte proportion de la population est touchée, alors qu'il compte seulement 55 000 habitants. Ce petit archipel du Pacifique est frappé de plein fouet par l’épidémie d’obésité depuis quelques dizaines d’années. Mais, comment expliquer une telle prévalence ? Ce 16 février, lors du congrès annuel de l’Association Américaine pour l’Avancement de la Science (AAAS), le Dr Stephen McGarvey de l’université Brown (Rhode Island, Etats-Unis) a tenté de répondre à cette question. Il détermine trois facteurs d’importance variable.
Une "légère" prédisposition génétique
Selon les résultats du Dr McGarvey, les Samoans ont de légères prédispositions génétiques à l’obésité. C’est en partie lié à l’histoire de l’archipel, qui a suffisamment connu la disette pour que les gènes responsables du stockage et de la gestion de l’énergie se modifient. Les chercheurs se montrent tout de même prudents quant à ces résultats : « Nous avons trouvé quelques détails qui semblent propres au peuple Samoan », reconnaît le Dr McGarvey, « mais nous en sommes encore à élaborer des études pour prouver cela. Nous devons être prudents. »
900 calories en plus en 40 ans
Les facteurs génétiques expliquent avec quelle facilité l’obésité s’est répandue sur l’archipel Samoans. Mais le changement de vie, et surtout d’alimentation, est le premier responsable de cette épidémie. Au régime à base de produits de la pêche s’est substitué un régime plus riche et plus gras, alors que l’activité physique globale a diminué. En 2012, le Dr McGarvey a déjà montré que le nombre de calories absorbées a bondi en 40 ans : 900 calories de plus en moyenne. « Il y a eu très peu de résistance à ce changement dans l’alimentation et l’activité physique, y compris dans les messages de santé et la structure du système de santé », explique Stephen McGarvey.
Un archipel minuscule
Dernier facteur pour expliquer l’épidémie d’obésité dans les Samoa Américaines : la taille même de l’archipel, 197 km2. Le bouleversement alimentaire est survenu sur une surface très exiguë. La prévalence de l’obésité ne pourrait jamais progresser aussi rapidement sur un continent comme l’Afrique. Si la tendance y est plus lente, elle n’en est pas moins inexorable, rappelle le Dr McGarvey. Il n’est donc pas impossible qu’un jour, les pays les plus étendus rattrapent l’archipel, signe avant-coureur d’une épidémie à échelle mondiale.