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Le pharmacien copilote sur le médicament

Une collaboration plus étroite entre médecins et pharmaciens permet de réduire de moitié les erreurs de prescription de médicaments. C'est que démontre une étude menée au Royaume-Uni.

Le pharmacien copilote sur le médicament WITT/SIPA




« Pour plus d’informations, demandez conseil à votre pharmacien ». Cette formule qui conclut tous les messages de prévention diffusés dans les médias, les médecins généralistes gagneraient à la mettre en pratique eux-aussi. C’est ce que démontre une étude menée dans une centaine de cabinets médicaux anglais dans lesquels est installé un pharmacien. Dans cette expérience, le pharmacien va plus loin que la vérification classique de l’ordonnance. Il recherche une éventuelle erreur du médecin, par exemple oublier que le patient est asthmatique et que certains médicaments lui sont donc contre-indiqués. Lorsqu’il détecte une erreur, il prévient le médecin et lui propose d’autres médicaments plus appropriés. Il reçoit aussi le malade pour faire le bilan de tous les médicaments qu’il prend et vérifier qu’ils sont compatibles les uns avec les autres. Ce dispositif expérimental a fait ses preuves en l’espace de 6 mois, avec une diminution par deux du risque d’erreur dans les ordonnances.

 

En France, il n’y a pas de pharmaciens dans les cabinets médicaux. Pour ne pas nuire au libre choix du patient, la loi interdit ce que l’on appelle les “ententes illicites” entre médecin, pharmacien et tout autre professionnel de santé. Mais avoir recours au pharmacien comme spécialiste du médicament chargé de vérifier la sécurité d’une ordonnance ne nécessite pas d’être dans les mêmes locaux comme dans cette étude anglaise. L’idée est en train de s’installer dans notre système de soins puisque la loi prévoit désormais un statut de pharmacien correspondant choisi par le patient comme il choisit son médecin traitant.


Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre des pharmaciens : “le pharmacien est le co-pilote du médecin”

 

Sur le terrain, les conflits corporatistes semblent de moins en moins de mise. Médecins et pharmaciens voient chacun leur intérêt dans cette collaboration au benefice de la santé du patient.


Dr Olivier Kandel, Société française de Médecine Générale : “ça sécurise le trio médécin-patient-pharmacien”

 

Reste la mise en pratique. Les médecins s’inquiètent de voir apparaître un dispositif source de nouvelles lourdeurs administratives et chronophage si les appels de pharmaciens pour vérifier une contre-indication médicamenteuse venaient à se multiplier. Côté pharmacien, on évoque le temps nécessaire pour faire avec un patient le bilan exhaustif des médicaments qu’il prend. Ce temps devrait être rémunéré par l’Assurance Maladie, les syndicats de pharmaciens sont actuellement en pleine négociation. Même si chacun a conscience de l’intérêt de cette collaboration, il s’agit d’un vrai changement culturel pour deux professions qui n’ont pas l’habitude de se considérer comme partenaire. Les choses seront vraisemblablement différentes pour les nouvelles générations. Depuis la rentrée 2010, étudiants en médecine et en pharmacie partagent les mêmes bancs à l’université en 1e année.

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