En matière de soins infirmiers, les hôpitaux sont très stricts. Les infirmiers libéraux qui exercent hors de l’hôpital respectent-ils les recommandations d’hygiène ? C’est ce qu’examine le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de Veille sanitaire (INVS) de ce 19 février. Une enquête a été réalisée auprès de 206 infirmiers libéraux (IDEL) de Seine-et-Marne.
Des vaccinations pas assez à jour
« On sait que certains actes techniques présentent un risque élevé de contamination », souligne le BEH. « Ces pratiques ont besoin d’être évaluées dans le cadre de la pratique à domicile et des risques spécifiques liés à cet environnement. En effet, dans un environnement moins structuré et moins contrôlé que l’hôpital, les installations et l’hygiène peuvent être insuffisantes ou inefficaces. » Dans les chiffres, ce manque de contrôle s’observe directement : seuls 8,7% des infirmiers libéraux interrogés respectent totalement les recommandations de bonnes pratiques.
Seule la moitié des IDEL sont à jour au niveau des vaccinations (DTP, coqueluche, rougeole, hépatite B). Les plus jeunes professionnels ont tendance à être moins vigilants dans ce domaine. Autre gros défaut de la profession : ils ne sont que 52% à s’assurer d’avoir des ongles courts et sans vernis, et 37% à ne porter aucun bijou. Bijoux et ongles longs sont pourtant des facteurs de risque de la colonisation des mains par des bactéries, signale le BEH.
1 infirmier sur 2 ne se lave pas les mains
Les infirmiers libéraux ne font guère mieux concernant l’hygiène des mains : à peine 1 répondant sur 2 affirme se laver les mains avant chaque visite, même s’ils sont une majorité à s’assurer que le gel utilisé tue les virus. Ils ne se protègent pas suffisamment non plus puisque moins de 3 infirmiers libéraux sur 10 portent systématiquement des gants lors de soins. Le port des gants permet de protéger le patient comme l’infirmier du risque lié au contact du sang ou de tout autre liquide biologique. « Si les gants sont disponibles chez 98% des répondants, le manque d’utilisation des tabliers à usage unique est inquiétant au regard de la transmission croisée de Clostridium difficile », indique le BEH. Le port de masques est un peu plus satisfaisant : ils sont 64% à y avoir recours.
« Cette enquête révèle que l’application des précautions standard est insuffisante », conclut le BEH, « et de nombreux points considérés comme des obstacles à la maitrise du risque infectieux ont été évoqués à plusieurs reprises. » L’environnement de travail est mal géré, soulignent les auteurs, et les équipements souvent mal adaptés. Cela explique en partie ces mauvais chiffres. L’autre grand coupable, selon le rapport, est l’insuffisante rémunération des infirmiers libéraux par rapport aux frais engagés en termes d’équipements nécessaires.