Le paludisme est une maladie infectieuse grave liée à une infestation parasitaire par Plasmodium falciparum. Certains patients sont infestés de façon chronique, pourtant la maladie demeure cachée dans leur organisme sous une forme dormante qui peut parfois persister de plusieurs années après le retour d'un séjour en pays d'endémie.
En l'absence d’un diagnostic et surtout d’un traitement spécifique, ces patients risquent des complications graves, par exemple lorsque des crises aiguës de paludisme surviennent lors d’une grossesse.
Alors que dépister de façon certaine ces formes chroniques de paludisme est souvent difficile pour les médecins, une équipe de scientifiques français vient de faire une découverte importante qui pourrait à terme faciliter ce diagnostic. En effet, dans une étude publiée récemment dans la revue Plos One, des chercheurs de l’INSERM basés à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-PH Paris) viennent de démontrer l’utilité d’un test habituellement utilisé pour le diagnostic d’autres maladies auto-immunes comme le lupus.
Un profil de fluorescence particulier chez ces patients
« Le diagnostic des maladies auto-immunes systémique est réalisé via un test répandu qui consiste à rechercher des anticorps dirigés contre le noyau de la cellule sur des cellules spécifiques, appelées les HEp-2, précise le communique de l’AP-HP. La présence d'anticorps reconnaissant les composants des cellules est mesurée par la fluorescence observée au microscope, les anticorps étant révélés par un traceur fluorescent ».
Et c’est donc à grâce à ce test que les auteurs de cette étude coordonnée par les Prs Makoto Miyara et Pierre Buffet, ont découvert une nouvelle méthode efficace pour identifier les patients souffrant d’un paludisme chronique. Ces chercheurs ont donc observé un profil de fluorescence particulier lors de la recherche d'anticorps antinucléaires sur les cellules HEp-2 uniquement chez les patients souffrant d'un paludisme chronique. Un profil qui n'avait jamais été observé dans une autre maladie parasitaire ou immunologique.
Un test pour améliorer la prise en charge
Dans un premier temps, ces scientifiques se sont donc attelés à confirmer, chez les patients avec un paludisme avéré, la présence de ces anticorps spécifiques dans leur sérum. Puis à l’inverse, ils ont démontré, dans un travail qui a duré un an et demi, que les patients qui présentaient ces anticorps avaient, dans environ 80% des cas, un authentique paludisme. « Ces résultats permettent de redresser le diagnostic des patients présentant des symptômes atypiques et pour lesquels le paludisme chronique n'avait pas été envisagé, explique le Dr Makoto Miyara. L'amélioration du diagnostic des paludismes chroniques, notamment ceux dont la présentation clinique est inhabituelle, va nous permettre de proposer une meilleure prise en charge thérapeutique ».
Source : Communiqué APHP/INSERM