Une équipe de chercheurs souhaite apprendre aux globules blancs à détruire les cellules cancéreuses. Cette approche innovante a déjà commencé à faire ses preuves chez quelques patients atteints de leucémie aiguë lymphoblastique à cellules B (LAL-B). Le Memorial Sloan-Kettering Center rapporte ce 20 février dans Science Translational Medicine une nouvelle avancée dans la mise au point de cette forme d'immunothérapie ciblée.
88% de réussite
16 patients atteints de LAL-B ont participé à cette étude. La leucémie aiguë lymphoblastique se caractérise par la présence de cellules immatures, les blastes lymphoïdes, dans la moelle osseuse et le sang. Ces cellules, censées devenir des lymphocytes B qui génèrent des anticorps, arrêtent de se développer. Cela entraîne une anémie ainsi qu’une baisse du nombre de plaquettes et de globules blancs chez le patient. D’ordinaire, les personnes atteintes de LAL-B rechutent facilement après une chimiothérapie de rattrapage. Au final, seuls 30% répondent bien au traitement.
Cette étude a mis au point une immunothérapie ciblée originale. Les patients ont reçu une infusion de leurs propres cellules immunitaires, mais elles ont été génétiquement modifiées. L’approche de l’équipe consiste à apprendre aux globules blancs à reconnaître le cancer comme un corps étranger. Car le corps n’identifie pas de lui-même le danger que représentent les cellules cancéreuses. Après l’immunothérapie, les cellules immunitaires doivent reconnaître et attaquer le cancer en reconnaissant une protéine particulière. Le programme s'avère très efficace, puisque 88% des patients ont répondu positivement au traitement. « Ces extraordinaires résultats suggèrent que la thérapie cellulaire est un traitement de poids pour les patients qui ont épuisé toutes les thérapies conventionnelles », s’enthousiasme le Dr Michel Sadelain, auteur de l’étude.
Des succès sur le long terme
Le succès ne s’arrête pas là, puisque plus de 4 patients sur 10 ont ensuite subi avec succès une greffe de moelle, seule solution durable contre la LAL-B. En mars 2013 déjà, la même équipe a rapporté le succès de la méthode chez 5 patients sur 5, suivie d’une rémission complète. Un patient a reçu ce type de traitement il y a 2 ans et a subi avec succès une greffe de moelle. Depuis, il n'y a pas eu de récidive de cancer et il a pu retourner au travail. Un autre patient traité est en rémission complète depuis 8 mois. Des études complémentaires sont prévues pour tester cette immunothérapie contre d’autres formes de cancer et à plus large échelle chez des patients atteints de LAL-B.