Nouvel épisode dans l'affaire Mediator. Alors que le médicament est interdit depuis 2009, que plus aucun patient n'est donc exposé au benfluorex depuis cinq ans, une étude réalisée par le laboratoire Servier suggère que les fuites aortiques développées chez certains patients pourraient s'aggraver avec le temps. « On ne peut pas exclure qu'un petit nombre de malades progressent alors qu'ils ne sont plus exposés au benfluorex », a indiqué à l’AFP le principal investigateur de l'étude, le Pr Philippe Moulin (chef de service d'endocrinologie de l'hôpital Louis-Pradel à Lyon).
Cette étude, dont les résultats sont repris dans la presse, a été menée sur 500 diabétiques. Quatre ans après avoir pris du Mediator, 11,1 % d'entre eux ont eu une aggravation des fuites aortiques « légères à modérées » contre seulement 4,8 % des patients traités par un autre antidiabétique, la pioglitazone. Comme le souligne le site de Libération, « une fuite aortique est une affection de la valve aortique qui ne se referme pas de manière étanche et laisse passer du sang dans le sens contraire de la circulation normale ». En revanche, les patients qui ne présentaient pas de pathologie valvulaire juste après l'arrêt du traitement par benfluorex n'en ont pas développé une plus tard.
Le Dr Irène Frachon, la pneumologue qui a fait éclater l'affaire, insiste sur le fait que « ces informations sont majeures pour les expertises en cours qui évaluent les fuites aortiques mineures à modérées, bien trop souvent considérées comme négligeables par les experts judiciaires ». Le risque d’aggravation de ces fuites « devra à l’avenir impérativement être pris en compte ».
Et le nombre de patients concerné ne sera peut-être pas marginal. D'après des données de la Cnamts récupérées par l’association Initiative Transparence Santé (ITS), en 2009, 44 % des médecins libéraux ont prescrit Mediator au moins une fois. Et jusqu’à 8 prescriptions du Mediator sur 10 se sont faites en dehors de l’autorisation de mise sur le marché (AMM).