L’hôpital Cochin à Paris a ouvert une enquête interne « pour éclaircir les circonstances » du décès « inexpliqué » d’une sexagénaire samedi au service des urgences, a annoncé l’hôpital ce jeudi dans un communiqué de presse.
Cette patiente de 61 ans est décédée après avoir été « conduite aux urgences par les pompiers pour une plaie du pied, à la suite d'une chute sans signe de gravité », précise le directeur général de l’hôpital. « Une enquête interne est donc diligentée pour éclaircir les circonstances et les causes de ce décès inexpliqué », ajoute-t-il.
Une prise en charge respectueuse de la procédure
Interrogé lors d'une conférence de presse organisée ce jeudi au siège de l'AP-HP, le Pr Stanislas Chaussade, président de la Commission Médicale d'Etablissement Locale (Cochin) a indiqué que « la patiente a été prise en charge dans la 1/2 heure pour un premier examen, qui n’a pas, lui non plus, montré de signe de gravité objectif. »
Elle a ensuite été « installée en zone de surveillance, à proximité des soignants », selon le Pr Chaussade, pour lequel « il existe des incertitudes sur ce qui s’est déroulé dans les heures qui ont suivi, le décès de la patiente ayant été constaté à 23h00. »
En effet, car après cette première observation, la patiente aurait été installée vers 17 heures en salle d'attente dans un fauteuil roulant, à proximité des soignants. Une demi-heure après, elle aurait été appelée plusieurs fois pour être examinée. Selon les hospitaliers de Cochin, ces appels n'auraient été suivis d'aucune manifestation de la part de la patiente. Résultat, son nom aurait été rayé de la liste.
Et c'est seulement à 23 heures, quand l'équipe de nuit des urgentistes prend le relais, que la sexagénaire est découverte inanimée. Les médecins réalisent alors que la patiente est morte. Probablement d'une crise cardiaque, d'après les premiers éléments de l'enquête. Les résultats définitfs seront néanmoins connus la semaine prochaine, selon la direction de l'hôpital Cochin.
Ecoutez le Pr Stanislas Chaussade, président de la CMEL (Cochin) : « Elle a été examinée dans la 1/2 heure, selon la procédure habituelle par l'infirmière...»
Des effectifs "au complet" ce jour-là, selon l'AP-HP
Martin Hirsch, le nouveau directeur général des hôpitaux de Paris (AP-HP), a affirmé pour sa part que « les effectifs médicaux et paramédicaux étaient au complet » ce jour-là aux urgences de l'hôpital Cochin, avec trois médecins seniors et trois internes de permanence. De plus, « l’activité du service d’accueil des urgences de l’Hôpital Cochin le samedi 15 février 2014 était dans la moyenne de celle observée ces dernières semaines, avec 152 consultations en moyenne par jour », a-t-il précisé.
Martin Hirsch a par ailleurs souligné que pour le moment « rien n'indiquait qu'une interférence avec la réorganisation de l'Hôtel-Dieu était en cause dans ce décès. »
Surtout que « les effectifs à Cochin ont été renforcés récemment pour palier un éventuel surplus de patients depuis la réorganisation des urgences de l'Hôtel-Dieu », a-t-il rajouté.
Quoi qu'il en soit, ce drame relance bien évidemment le débat sur l’organisation et la saturation des urgences parisiennes, et notamment celles de Cochin. D'après le Dr Gérald Kierzek, à la tête du Collectif "Hôtel-Dieu, Hôpital pour tous", opposé au projet de modernisation, les urgences de Cochin absorberaient près des deux tiers des patients conduits auparavant aux urgences de l’Hôtel-Dieu, fermées depuis le 4 novembre.
Ecoutez Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP : « L'hôpital Cochin connaissait ce jour-là une affluence normale avec des équipes médicales renforcées...»
30-40 patients en plus par jour à Cochin depuis l'an dernier
Enfin, lors de cette conférence de presse, l'AP-HP a finalement reconnu que les urgences de Cochin connaissent, en moyenne, entre 140 et 160 patients par jour depuis plusieurs mois. « L'an dernier ce chiffre tournait autour de 120 patients », a déclaré Martin Hirsch.
Mais ces chiffre sont contestés par certains qui pour leur part évoquent 190 patients tous les jours à Cochin. Pour le Dr Gérald Kierzek, « le service d’urgences de Cochin était complétement saturé ce samedi, comme le sont quotidiennement toutes les urgences parisiennes depuis la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu. » Dans un communiqué publié ce jeudi l’ex-chef du service des urgences de l’Hôtel-Dieu rappelle : « nous n’avons cessé de lancer l’alerte sur les risques de cette fermeture, et ses conséquences sur les autres services d’urgences parisiens ».
Pour l’urgentiste, « toutes les urgences parisiennes sont saturées à plus de 200 % et ce samedi, l’Hôtel-Dieu, lui, était quasiment vide suite à la décision de détourner les pompiers vers d’autres hôpitaux », conclut-il.
Ecoutez Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP : « Nous savons que l'hôpital Cochin connaît en moyenne entre 140 et 160 passages par jour depuis plusieurs mois. L'an dernier la moyenne était de 120...»