Lire la souffrance dans les yeux d’une personne, c’est ce que propose un nouveau dipositif présenté ce 20 février à Lyon (Rhône) : le pupillomètre. Il s’agit d’une petite caméra placée sur l’œil qui mesure la dilatation de la pupille. La mesure s’effectue dans le noir, afin qu’aucune lumière ne puisse perturber le processus.
Adapter le dosage de l’anesthésie
Le pupillomètre permet de vérifier plusieurs détails relatifs à la douleur. Un patient sous anesthésie générale est incapable de communiquer. Mais son corps, ses pupilles en particulier, peuvent refléter la douleur qu’il ressent. Grâce à un tel outil, les médecins pourraient adapter au mieux la dose nécessaire d’antalgiques. C’est d’autant plus précieux que nous ne sommes pas tous sensibles à la souffrance de la même façon. Par exemple, une personne âgée a besoin d’une moindre dose d’antalgiques car elle ne ressent pas autant la douleur que les plus jeunes. Réduire le dosage permet un réveil et une récupération plus rapide après l’opération. Mais le pupillomètre permet aussi bien l’inverse, à savoir quand le dosage n’est pas suffisant et que le patient souffre. Car, on le sait, une anesthésie trop faible engendre de fortes douleurs postopératoires qui retardent le rétablissement.
Evaluer la souffrance d’un patient dans le coma
Le pupillomètre n’est pour le moment utilisé que dans quelques établissements. Développé depuis trois ans par deux ingénieurs marseillais, l’outil coûte encore très cher. Parmi les premiers « adeptes » de l’invention : l’hôpital de la Croix-Rousse (Lyon), l’hôpital Lariboisière (Paris)… et le CHU de Grenoble (Isère). Le pupillomètre est d’ailleurs utilisé par le Pr Jean-François Payen sur Michael Schumacher, hospitalisé au service de réanimation depuis son accident à ski. Cela a permis de vérifier qu’un patient dans le coma ressent la douleur.
Les applications sur des patients inconscients sont donc nombreuses. Mais d’autres cibles potentielles s’esquissent : les nourrissons et les personnes très âgées, notamment, mais aussi les personnes ne parlant pas la langue du pays. Une petite révolution semble se dessiner dans le monde de la santé. Mais pour le moment, le dispositif ne fonctionne que sur un patient inconscient, puisque d’autres facteurs comme le stress ou la lumière perturbent l’analyse des données en influençant la dilatation de la pupille.