Le mensuel Prescrire estime que pour la seule année 2012 25 à 120 morts subites seraient imputables à la dompéridone, cette substance contenue dans l’anti-vomitif Motilium et ses génériques. Pour cette raison, la revue médicale a demandé aux autorités sanitaires de retirer cette molécule du marché. Surtout que depuis 2005, plusieurs études épidémiologiques, néerlandaises et canadiennes, ont montré que les morts subites cardiaques sont environ 1,6 à 3,7 fois plus fréquentes en cas d'exposition à la dompéridone. Dans ce contexte, l'Agence de sécurité du médicament (ANSM) vient de publier une mise en garde sur l'utilisation du produit à destination des prescripteurs.
D'ailleurs, dès 2011, l'Agence avait adressé un courrier aux professionnels de santé pour les informer et les sensibiliser aux risques cardiaques "rares" mais "potentiellement sévères" (torsades de pointe) liés à l'utilisation de cette molécule. L'Agence sanitaire faisait une mise en garde sur les risques de certains détournements d’usage du Motilium et de ses génériques, par exemple, pour stimuler la lactation chez les femmes.
Aujourd'hui, l'Agence rappelle que le Motilium est indiqué seulement « chez les adultes pour le soulagement des symptômes de type nausées et vomissements, sensations de distension épigastrique, gêne au niveau supérieur de l’abdomen et régurgitations gastriques.
Face à ces dangers, l'Agence européenne du médicament, avec le Prac, a d'ailleurs initié une réévaluation du bénéfices/risques de la dompéridone par un arbitrage européen attendue en mars 2014, pour lequel la France est rapporteur.
L’ANSM recommande d'ores et déjà aux precripteurs de respecter strictement les indications de ce produit et de prendre en compte le risque cardiaque, en particulier chez les patients qui présentent des facteurs de risque (allongement existant de l’intervalle QT, troubles électrolytiques importants, insuffisance cardiaque congestive…)
Par ailleurs, il est conseillé aux médecins de limiter la prescription à la durée de traitement la plus courte (usuellement 7 jours maximum), et à la dose la plus faible possible sans dépasser 30 mg/jour chez l’adulte. En effet, le risque peut être plus élevé chez les patients âgés de plus de 60 ans ou chez ceux qui sont traités par des doses quotidiennes supérieures à 30 mg.
« En l’absence de troubles cardiaques, précise l'Agence, les patients actuellement sous traitement peuvent continuer la prise de Domperidone.