200 000 Français doivent s’injecter chaque jour plusieurs doses d’insuline. Pour les diabétiques de type 1, le calvaire pourrait bientôt s’achever : des travaux menés en ce moment pourraient, à terme, régler la question de l’insulinodépendance. Deux équipes européennes, du Centre de transfert de technologie du Mans (CTTM) et du Centre européen d’étude du diabète (CEED) à Strasbourg, mettent au point un pancréas bio-artificiel.
Ce dispositif est une poche semi-perméable implantée dans le ventre du patient. Cette poche en tissu est remplie de cellules animales, ou génétiquement modifiées, qui sécrètent cette insuline manquante, ce qui éviterait aux patients diabétiques les piqûres ou la greffe. Dès 2015, le pancréas bio-artificiel devrait être expérimenté chez l’homme par une équipe du CHU de Montpellier (Hérault), coordonnée par l’université d’Oxford (RU).
Contacté par pourquoidocteur, le Pr Eric Renard, chef du département d’endocrinologie, diabétologie et nutrition du CHU de Montpellier, explique le fonctionnement de cette poche.
Comment se déroule l’implantation ?
Pr Eric Renard : Cette poche est perméable à l’insuline et au glucose, mais elle n’est pas perméable aux molécules responsables du rejet des cellules lorsqu’on implante des cellules étrangères à un organisme. Elle est implantée dans la paroi abdominale, des vaisseaux vont se développer autour de cette poche. Une fois qu’elle sera bien vascularisée, on ajoutera des cellules pancréatiques qui vont libérer l’insuline en fonction du glucose qui entre dans la poche.
Quelles sont les difficultés liées au dispositif ?
Pr Eric Renard : Quand on implante cette poche, des vaisseaux vont se développer autour ce qui va permettre un transfert d’oxygène du sang vers la poche. Il faut qu’il y ait suffisamment d’oxygène à l’intérieur de cette poche pour que les cellules vivantes à l’intérieur survivent. L’autre difficulté, c’est que la poche soit suffisamment résistante pour que les cellules ne soient pas en contact direct avec l’organisme du malade, sinon cela déclencherait une réaction de rejet, comme lorsqu’on fait une greffe d’organes et qu’on ne donne pas de médicaments immunosuppresseurs.
Quel est l’intérêt de ce pancréas bio-artificiel ?
Pr Eric Renard : Actuellement, on fait des greffes d’îlots que l’on met dans le foie mais les patients doivent prendre des médicaments antirejet. Cela concerne donc très peu de patients : 15 à 20 par an maximum en France. Si effectivement ce concept de poche est validé, on pourrait implanter sans immunosuppresseur, donc a priori beaucoup plus de malades.