Les médecins du sport veulent prescrire de l'activité physique aux Français comme thérapeutique ! Le Syndicat national des médecins du sport Santé (SNMS) vient en effet de demander aux plus hautes autorités sanitaires du pays que la prescription d’une activité physique, dans des pathologies bien définies, intègre la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP).
Ce syndicat en a fait la demande auprès de la ministre de la Santé, du directeur de la Caisse nationale d’assurance-maladie et des syndicats de médecins libéraux.
Sur le site du Quotidien du médecin, le Dr Bruno Burel, président du SNMS, réaffirme que « l’activité physique thérapeutique fait partie des traitements majeurs de très nombreuses pathologies (diabètes, hypertension artérielle, obésité...). Il devrait être une prescription première puisqu’elle permet dans tous les cas d’améliorer les autres traitements et souvent de diminuer les posologies médicamenteuses. » Alors, même si les demandes des médecins du sport restent toujours sans réponses, des initiatives ont déjà vu le jour dans l'Hexagone avec pour mission de booster la santé des malades grâce au sport.
3 catégories de seniors
D’après l’office statistique de l’Union européenne, la part des plus de 65 ans devrait passer de 17 % en 2010 à 30 % en 2060. Et pour maintenir cette large population âgée en bonne santé, les experts sont unanimes, cela passera par un développement croissant de la prévention par l’activité physique et sportive.
Un rapport, remis le 14 janvier aux ministres en charge des Personnes âgées et des Sports, militait déjà dans ce sens. Ce groupe de travail interministériel présidé par le Pr Daniel Rivière, chef du service de médecine du sport au CHU de Toulouse, émettait ainsi plusieurs recommandations pour faire passer la France du « tout curatif » à l’ère de la prévention.
Parmi les propositions, ces experts préconisaient tout d’abord de définir 3 catégories de publics chez les seniors de plus 50 ans. Ainsi, ils identifiaient les seniors sans problèmes de santé, les seniors à risques (fragiles ou fragilisés) et enfin les seniors dépendants. En fonction de chaque profil, ces parlementaires proposaient donc un cahier des charges pour la mise en œuvre d’une offre sportive adaptée. « L’introduction de la prévention par l’activité physique, on l’a vraiment appréhendée comme un changement de mentalité, à la fois dans l’attitude du médecin et de la société », précisait le Dr Roger Rua, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), et expert dans ce groupe de travail interministériel contacté à cette occasion par pourquoidocteur.
Ecoutez le Dr Roger Rua, généraliste spécialisé en médecine du sport : « Chez les personnes âgées qui ont des bonnes capacités physiologiques, la prévention primaire ralentit l’apparition d’autres maladies...» (Entretien réalisé en janvier 2014)
Du sport sur ordonnance
Par ailleurs, l'un des recommandations prévoyait de mettre en place une consultation préventive d’évaluation de la condition physique pour les plus de 55 ans, prise en charge par l’Assurance maladie ou les complémentaires santé.
En outre, ce groupe interministériel suggérait également de développer du sport sur ordonnance. Pris en charge par l’Assurance Maladie ou les mutuelles, l’idée serait de généraliser des expériences comme celle mise en place récemment par la ville de Strasbourg. Elle a permis à des généralistes de prescrire à certains patients une activité physique modérée et régulière, ainsi que de les orienter vers un éducateur sportif. Ces patients ont ainsi bénéficié gratuitement d’abonnements à des vélos, d’entrées à la piscine ou encore de cours dispensés par des associations.
Ecoutez le Dr Roger Rua : « Cette consultation prévention va permettre de faire des économies. Par exemple, arrêter l’évolution du diabète avec de l’activité physique, ça veut dire moins de cécité et moins d’amputation. » (Entretien réalisé en janvier 2014)
Retrouver l’envie, une nécessité
Les pouvoirs publics ne sont pas les seuls à convaincre. « Chez les seniors, le principal frein est le manque d’envie pour 42 %, le manque de temps pour 17 % et l’état de santé pour 13 %, expliquait à ce titre le Pr Jean-François Toussaint, directeur de l’Institut de recherche bio-médicale et d’épidémiologie du sport (IRMES). Pour leur donner cette envie, il faut communiquer et leur montrer des exemples positifs. En Bretagne, par exemple, une initiative du Pr Michel Tregaro propose des Olympiades dans les EHPAD; on a vu des masters organisés pour des nonagénaires… Même à 80 ans le sport peut être ludique ».
Et ce dernier de terminer l'entretien accordé à pourquoidocteur en rappelant que plusieurs études ont montré que même à 75 ans, en étant actifs, les seniors gagnent 2 à 3 années de vie supplémentaire. « Et ce n’est pas de la vie en plus pour rien. Grâce à l’activité physique, les seniors y gagnent en qualité de vie tant sur le plan physique que psychique », concluait le Pr Jean-François Toussaint.