Le mélanome est une forme de cancer de la peau particulièrement dangereuse du fait de sa capacité à former des métastases dans les organes vitaux tels que les poumons, le foie ou le cerveau. Plus d’un malade sur 10 décède de métastases du cancer de la peau ayant atteint un organe interne. Dans une lettre publiée aujourd’hui dans la revue scientifique Nature, une équipe de chercheurs allemands évoque une double responsabilité des coups de soleil : dans la formation des cellules cancéreuses et dans leur dissémination.
Le coup de soleil frappe deux fois
« La réaction inflammatoire de la peau après une exposition importante au soleil favorise la migration des cellules du mélanome le long des vaisseaux sanguins à travers l’organisme », explique le Pr Thomas Tüting, chercheur en dermatologie expérimentale à l’hôpital universitaire de Bonn en Allemagne et auteur principal de cette étude.
Les radiations UV responsables du coup de soleil contribueraient donc à la fois au développement du cancer de la peau en altérant le génome des cellules pigmentées mais aussi à l’inflammation des tissues environnants.
Un mécanisme embryonnaire réactivé
Pour comprendre ce mécanisme de migration des métastases, les chercheurs ont observé des souris, grâce à des techniques de microscopie à fluorescence. Lorsque leur peau est inflammée par l’exposition au rayonnement UV, les cellules cancéreuses peuvent facilement migrer le long des vaisseaux sanguins, favorisant ainsi la dissémination de métastases du mélanome jusqu’aux poumons, exemple très fréquent chez les souris.
« Pendant le développement embryonnaire, les précurseurs des cellules pigmentées parcourent de longues distances le long des vaisseaux sanguins à travers l’organisme jusqu’à atteindre leur destination finale dans la peau.
Il semble que ces programmes migratoires soient réactivés de façon erronée par l’inflammation dans les cellules du mélanome », explique l’un des auteurs de cet article, le Pr Michael Hölzel, pharmacologue clinicien à l’Université de Bonn en Allemagne. Les chercheurs espèrent pouvoir développer de nouvelles formes de thérapie ciblée interférant spécifiquement avec les signaux inflammatoires pour bloquer la migration des métastases.