Peu importe où ils habitent, tous les Français sont touchés par une baisse de la qualité de leur sperme ! Selon une étude publiée le lundi 24 février dans la revue Reproduction, la concentration en spermatozoïdes aurait subi une baisse continue de l'ordre de 1,9 % par an, pour perdre au final environ un tiers de sa concentration en spermatozoïdes en France métropolitaine, entre 1989 et 2005. Résultat, le nombre des spermatozoïdes d'un homme de 35 ans est passé de 73,6 millions par millilitre de sperme en 1989 à 49,9 M/ml en moyenne en 2005. Cependant, même si cette tendance n'éparne pratiquement aucun territoire, certaines régions sont davantage touchées.
Les régions agricoles
Après avoir mené une première étude sur le sujet en décembre 2012 sur plus de 26 600 hommes, le Dr Joëlle Le Moal et ses collègues de l'Institut de veille sanitaire (InVS) ont affiné leurs résultats au niveau régional. Ils indiquent que la baisse la de la qualité du sperme des hommes toucherait davantage l'Aquitaine et Midi-Pyrénées.
Pour expliquer cette tendance, les chercheurs pensent que leurs résultats sont liés à la nature fortement agricole de ces deux régions. « Les activités viticoles sont celles où l'on utilise le plus de pesticides proportionnellement à la surface », explique Joëlle Le Moal. Pour expliquer ce phénomène sur l'ensemble du territoire, elle évoque « une exposition globale (...) de l'ensemble de la population depuis les années 50 » aux perturbateurs endocriniens, notamment certains pesticides. A ce titre, la Bourgogne est également fortement touchée.
A l'inverse, la Bretagne et la Franche-Comté se portent bien et ont connu une tendance inverse. Là-bas, la qualité des spermatozoïdes a progressé sur la période étudiée. De même, les Pays de la Loire présentent également une tendance à l’amélioration. Enfin, l’Auvergne et le Languedoc-Roussillon sont les régions où la concentration de spermatozoïdes a connu l’évolution la plus positive.
La qualité du sperme des Français dans les normes de l'OMS
Au final, les scientifiques de l'InVS rappellent qu'il est « très important de surveiller la qualité du sperme au niveau international maintenant que l'on a des données de sa dégradation en France . C'est justement l'objet d'un réseau Hurgent lancé par l'InVS fin 2013 au niveau européen. « Pour le moment, les concentrations spermatiques françaises restent en moyenne dans la norme fertile de l'Organisation Mondiale de la Santé (supérieure à 15 millions/ml) », concluent ces scientifiques.