Deux Français sur trois meurent à l’hôpital. Mais selon une enquête de l’Institut national d’Etudes démographiques (Ined), publiée ce 3 mars, « mourir à l’hôpital ne signifie pas que toute la fin de vie s’est déroulée à l’hôpital. » En effet, seule la moitié des personnes décédées en 2010 était hospitalisée 28 jours avant le décès. En revanche, il est très rare de quitter l’hôpital pour décéder chez soi ou en maison de retraite. Réalisée en 2010, cette enquête souligne des disparités sexuelles ainsi que l’influence de la maladie sur le lieu de fin de vie.
Un déséquilibre hommes/femmes
A 28 jours du décès, le domicile est le premier lieu de vie… mais pas pour tous. Cela concerne la moitié des hommes décédés en 2010, mais seulement 38% des femmes. Même constat pour la fin de vie à l’hôpital : 10 points de pourcentage séparent les hommes des femmes, plus souvent en maison de retraite à quatre semaines de leur décès. Le veuvage, plus fréquent chez les femmes, expliquerait ce déséquilibre selon l’Ined. Les disparités s’effacent légèrement dans les 24 heures précédant le décès. 20% des hommes sont toujours à leur domicile, contre 16% des femmes. La proportion est à peu près la même en maison de retraite, où les femmes dominent tout de même.
Des profils variés selon le lieu de fin de vie
Les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires sont les plus nombreuses à décéder chez elles. Celles atteintes de troubles mentaux passent plus souvent leur fin de vie en maison de retraite. Les patients qui quittent leur domicile pour être hospitalisés sont en majorité touchés par des pathologies digestives ou respiratoires, mais aussi des cancers et des maladies infectieuses. Lorsqu’ils proviennent de maisons de retraite, les maladies infectieuses et respiratoires dominent. Les patients atteints de cancer ou de troubles mentaux sont les plus nombreux à bénéficier d’une telle fin de vie.
Des hospitalisations plus fréquentes en fin de vie
« Plus on approche de la mort, plus le maintien à domicile se raréfie au profit de l’hospitalisation », signale l’enquête de l’Ined. On observe en effet un progrès des hospitalisations à mesure qu’on se rapproche du décès. Une grande part des décès étant due aux maladies dégénératives (cancer, maladies cardiovasculaires ou neurologiques), la forte proportion de décès à l’hôpital est aisément compréhensible. Mais on observe que le changement d’univers a surtout lieu chez les patients à domicile ou en maison de retraite à 28 jours du décès. Les patients déjà hospitalisés y restent dans près de 90% des cas. Ceux qui sont restés à domicile ou en maison de retraite effectuent plus souvent un séjour à l’hôpital peu avant leur dernier souffle. Les retours à domicile sont extrêmement rares.