Avec ses 1,2 milliards d’utilisateurs, le réseau social Facebook intéresse de plus en plus les chercheurs. Ils cherchent à connaître son influence sur la santé. Plusieurs études ont par exemple déjà montré l’influence de Facebook sur la perception de son corps chez les jeunes femmes. Pamela K. Keel, professeur à l’Université de Floride, s'est interessé aux habitudes d'utilisation de Facebook et leur rapport avec les troubles du comportement alimentaire chez 960 étudiantes. Les résultats de ses travaux viennent d'être publiés dans le International Journal of Eating Disorders.
Certaines utilisatrices courent plus de risques
Pamela K. Keel a voulu comprendre quel type d’utilisatrice était les femmes avec des troubles du comportement alimentaire. Ces femmes postent des photos de soirées ou d’elle en bikini, des vidéos de leurs vacances et des « selfies » (autoportrait souvent dans des poses suggestives). À cause de leur utilisation à outrance de Facebook, ces femmes attachent beaucoup d’importance aux commentaires et aux « likes » que reçoivent leurs photos. Or, ces réactions sont néfastes pour ses femmes. Elles ont tendance par la suite à se comparer à leurs amis à travers leurs photos et à s’enlever des photos où elles sont « taguées ». Ce type d’utilisatrice est celui chez qui les troubles du comportement alimentaire sont les plus fréquents.
Comme le dit le Pr Keel, « Facebook est un moyen amusant de rester connecté avec ses amis mais il offre aussi un nouveau prisme aux femmes dans lequel elles sont confrontées à un idéal de minceur qui impacte les risques de trouble du comportement alimentaire. »
20 minutes par jour suffisent
Alors que les autres études montraient le lien entre les réseaux sociaux et les troubles du comportement alimentaire, l’étude de l’Université de Floride s’est intéressé à la durée qu’il suffisait de passer sur Facebook pour augmenter les risques de trouble du comportement alimentaire. 20 minutes par jour sur Facebook suffisent à augmenter le risque de TCA. 95% des femmes interrogées ont reconnu passer au moins 1 heure sur Facebook chaque jour.
Cette utilisation renforce les inquiétudes des femmes concernant leur poids, leur silhouette. Une utilisation de plus de 20 minutes de Facebook fait augmenter leur anxiété. La chercheuse a aussi observé que lorsque les femmes restent sur Facebook, elles commencent à discuter de leur apparence et de leur poids avec leurs amis. Elles cherchent à se réconforter les unes avec les autres. Mais ces discussions ont un effet négatif car elles renforcent la mauvaise image de soi et ainsi augmentent le risque de TCA chez les jeunes femmes.
Une idéalisation de la femme comme dans les magazines de mode
En effet, la particularité de Facebook, c'est qu'il regroupe deux facteurs souvent associés aux TCA, la pression du groupe et l'influence médiatique. Comme le dit le Pr Keel, "on ne voit uniquement des photos de femmes minces portant un bikini sur les couvertures des magazines. Maintenant vos amis postent des photos choisies minutieusement sur leur page Facebook et auxquels vous êtes constamment exposés. »
L'image de la femme qu’ont véhiculé les magazines de la mode a largement influencé la population. Sur les couvertures de magazine, les femmes sont montrées très minces, très belles et retouchées à l'aide de logiciel. Mais le problème, c'est que les magazines ne sont plus les seuls à faire ça. À présent, les jeunes femmes commencent à donner elles aussi une image trompeuse d'elle même pour plaire à tous et à toutes sur Facebook.
Pour éviter de tomber dans le culte de la minceur renforcé par les réseaux sociaux, le Pr Keel conseille aux jeunes femmes « de ne pas se présenter sur Facebook comme un objet qui a besoin d’être approuvé ou désapprouvé » mais plutôt « comme une personne à part entière »