Donner un traitement antirétroviral, en prévention, dès la naissance, à des enfants nés de mère séropositive, la stratégie s'est révélée efficace pour réduire le risque d’infection par le VIH lors de l’allaitement. Ces résultats sont issus de l’étude ANRS 12174 Promise-PEP, présentée à la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) qui a eu lieu du 3 au 6 mars à Boston (Etats-Unis).
Associer allaitement et prévention
On le sait déjà : traiter en prévention un enfant allaité par une mère séropositive réduit considérablement le risque d’infection. Mais, jusqu'à maintenant, les chercheurs ne savaient pas quel traitement offrait de meilleurs résultats. Dans le cadre de la CROI, ils ont présenté leur dernière approche : comparer la lamiduvine – recommandée chez l’enfant – mais qui n’induit pas une résistance systématique, à la combinaison lopinavir/ritonavir qui inhibe certaines fonctions du VIH mais induit une faible résistance. L’une ou l’autre est nécessaire quand une mère infectée allaite, car son propre traitement n’évite que la moitié des infections transmises. Eviter l’allaitement n’est pas une solution, car le nouveau-né a besoin des nutriments et des anticorps que fournit le lait maternel.
Un taux de transmissions très faible
Sur les 1 273 enfants burkinabés suivis, la moitié a reçu la lamiduvine, l’autre la combinaison lopinavir/ritonavir. Le traitement a commencé 7 jours après la naissance et a cessé une semaine après le sevrage. Les résultats ont dépassé les espérances des chercheurs. 17 infections ont été diagnostiquées, également réparties entre les deux groupes. Mais le taux de transmission à un an est le plus bas jamais observé : il se limite à 1,4%. Le taux de survie, lui, est de 96,5%, le taux le plus élevé depuis le début de l’étude. Aucun effet indésirable grave n’a été signalé pour ces traitements. Et les deux traitements ont finalement eu une efficacité comparable. Selon les chercheurs, des résultats aussi positifs confirment que l’allaitement, même par une mère séropositive, est bénéfique pour le nouveau-né.
Ce schéma de prévention est, selon les dires de l’équipe, applicable et très bien toléré. Il permet en outre d’éliminer le risque résiduel pendant l’allaitement. D’autres études sont prévues, pour évaluer l’efficacité et la tolérance de l’approche chez des enfants dont les mères sont sous traitement antirétroviral continu.