Une équipe de chercheurs britanniques a découvert un médicament qui a un effet secondaire original : il rendrait moins raciste.
Oui, c’est une découverte pour le moins surprenante : un médicament utilisé pour lutter contre l’hypertension rendrait effectivement moins raciste. Comme quoi les effets secondaires des médicaments ne sont pas toujours négatifs. Alors, pour être très précis, ne rêvons pas, nous n’avons pas trouvé la pilule miracle anti-racisme. Ce bêtabloquant agirait sur les élans de racisme inconscients.
Mais ça veut dire quoi concrètement ?
Et bien je vais vous expliquer comment ces chercheurs sont parvenus à cette découverte. En fait, 36 étudiants blancs volontaires ont reçu, soit une dose de 40 mg de ce médicament, soit un placebo. Au bout de deux heures, ils ont passé un test. Cela consistait à associer des mots comme « joie », « mal » ou encore « heureux », avec des visages blancs et noirs. Résultat : ceux qui avaient pris du médicament associaient beaucoup moins des visages noirs avec des valeurs péjoratives.
Les auteurs de cette étude expliquent-ils comment ce médicament peut produire un tel effet ?
En fait, ce médicament qui lutte contre l’hypertension réduit le rythme cardiaque. Du coup, il limite le stress. Il est d’ailleurs aussi utilisé en psychiatrie pour traiter certaines formes d'anxiété légères. Donc, en agissant sur une partie du cerveau qui commande les émotions – et notamment la peur – il n’est pas étonnant que les préjugés racistes diminuent. On sait bien que le racisme et la peur – celle de l’étranger en l’occurrence – sont associés.
Mais est-ce que l’on peut imaginer « prescrire » ce médicament dans cette indication : en cas de racisme ?
En tout cas, les chercheurs disent bien que leur intention n’était pas du tout de chercher un moyen de « guérir » le racisme. Ils rappellent d’ailleurs que « la recherche biologique qui cherche à rendre les gens moralement meilleurs a une histoire sombre ». On pense évidemment à l’eugénisme et par exemple aux campagnes de stérilisation forcée des handicapés.
Ces recherches vont donc s’arrêter là ?
Non, les auteurs de l’étude ont dit qu’ils allaient poursuivre leurs travaux pour essayer de mieux comprendre le rôle des émotions sur les préjugés, racistes mais aussi d’autres préjugés comme ceux qui concernent l’homosexualité. Donc, la médecine peut sans doute nous aider à comprendre le racisme mais pas le soigner.
Références
Propranolol reduces implicit negative racial bias
Sylvia Terbeck, Psychopharmacology, 28 février 2012