Les enfants de cinq ans comprennent mieux la technologie que des étudiants d'une vingtaine d'années. Ce sont les résultats étonnants d'une étude menée par des chercheurs américains de l’Université de Berkeley (Californie) et celle d’Édimbourg (Écosse). Pour parvenir à cette conclusion, ces scientifiques ont fait passer les mêmes tests à 106 enfants âgés de 4 à 5 ans et à 170 étudiants d'un niveau licence (Bac + 3). Le but de la recherche était de voir quelle catégorie d'âge arrivait le mieux à faire marcher un jeu comportant des éléments à la fois physiques et électriques au fonctionnement inhabituel. Pour cela, les participants devaient placer des formes géométriques (appelées Brickets) au sein d'une boîte dans un certain ordre ou selon certaines combinaisons afin de déclencher une lumière et une musique. Et les résultats rapportés par l'équipe vont à l'encontre des idées reçues. La génération « geek » n'est pas la « génération Y » (1).
Les enfants moins formatés dans leur mode de raisonnement
En effet, après analyse des données, les chercheurs ont trouvé que comme les enfants sont moins formatés que les adultes par les concepts de cause et d'effet, ils arrivaient plus rapidement à résoudre le problème posé par le jeu. « Ils analysent ainsi plus précisément la situation telle qu’elle a vraiment lieu, et non telle qu’ils imaginent qu’elle se passe selon des schémas de pensées formatés », a ainsi commenté Alison Gopnik, psychologue de l'université de Berkeley, coauteur de cette étude parue dans la revue Cognition.
Une piste à explorer pour décoder l'apprentissage
Résultat, les jeunes enfants étaient bien plus réceptifs aux mécanismes qui activent les gadgets que les étudiants, qui eux cherchaient une répétition et une règle et avait donc du mal à se baser sur une seule expérience pour en dégager une relation de cause à effet. « Les enfants ont réussi à comprendre que la machine pouvait marcher de façon inattendue, alors que même les meilleurs étudiants agissaient comme si la machine allait toujours suivre la règle la plus commune et la plus évidente, même quand on leur montrait qu’elle pouvait fonctionner différemment » a rajouté Alison Gopnik.
En définitive, l'équipe reconnaît n'avoir pas encore tiré toutes les conclusions de cette expérience, « l'une des grandes questions, si on se projette, est de savoir ce qui rend les enfants des apprenants plus souples. Sont-ils juste dépourvus des préjugés des adultes, ou sont-ils fondamentalement plus souples ou plus ouverts à l'exploration du monde ? », s'interroge Christopher Lucas, coauteur de cette étude pour l'université d'Édimbourg. « Quoi qu'il en soit, les enfants ont beaucoup à nous enseigner en terme d'apprentissage », conclut-il.
(1) Personnes nées approximativement entre les années 1980 et les années 1990 (selon les sociologues) et le début des années 2000
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