Une femme de 22 ans vient de donner naissance à une petite fille en bonne santé après 32 semaines de grossesse. Jusque là, rien d’anormal, mais si cet accouchement a fait l’objet d’une publication scientifique dans BioMed Central en février dernier c’est que cet enfant ne s’est pas développé comme les autres, dans l’utérus de sa mère, mais dans sa cavité abdominale. Ce cas étonnant de grossesse extra-utérine dans l’abdomen, non diagnostiqué jusqu’à la naissance du bébé, a eu lieu en Tanzanie. Selon les estimations, la grossesse abdominale est un cas très rare ne survenant que dans une grossesse sur 10 000.
Un fœtus sans sac amniotique dans l’abdomen de sa mère
Alors qu’elle se savait enceinte et avait eu au préalable deux visites médicales prénatales, c’est parce que cette jeune patiente de 22 ans est soudainement victime de fortes douleurs abdominales et que son bébé ne bouge plus beaucoup qu’elle décide de se rendre à l’hôpital. Jusque là ses médecins n’avaient rien diagnostiqué d’anormal, si ce n’est qu'elle souffrait d’une anémie et d’une infection des voies urinaires. C’est donc seulement après la mise en place d’une supplémentation en fer, d'une prescription de paracétamol et de deux jours d’hospitalisation, que l’équipe médicale s’est finalement rendue compte par échographie, que le fœtus était bel et bien viable, mais flottait dans la cavité abdominale de sa mère, sans sac et liquide amniotique pour le protéger. Cet examen a par ailleurs révélé que la patiente avait un utérus normal, bien que vide, et des ovaires et des trompes normaux également. Enfin, le placenta s’était développé lui, sur la face antérieure de l’utérus et la jeune femme souffrait d’un épanchement d’un litre de sang dans le péritoine. Les médecins ont donc décidé de procéder à l’extraction en urgence du fœtus par césarienne. Résultat, une petite fille de 1,7kg a vu le jour et en bonne santé. Trois jours après la naissance, la mère bougeait, mangeait et buvait normalement et l’allaitement maternel était déjà mis en place avec succès.
Une grossesse rare mais à haut risque
Une semaine après son accouchement extraordinaire, la jeune maman et son enfant sont sortis de l’hôpital. Ces médecins l’ont toutefois mise en garde vis à vis du risque de récidive de ce type de grossesse extra-utérine. Le problème est que dans 50% des cas, en l’absence de suspicion clinique, l’échographie passe à côté de ce type de grossesse à haut risque pour la mère et pour l’enfant. Les bébés nés après une grossesse abdominale ont notamment un taux élevé de malformations, car ils peuvent être compressés en raison de l'absence de la protection habituellement procurée par le liquide amniotique. Par ailleurs chez la mère, le risque principal est hémorragique.
Les symptômes qui doivent alerter
Pour finir, les médecins qui publient ce cas clinique précisent qu’il existe plusieurs facteurs de risque favorisant ce type de grossesses extra-utérine : des antécédents de grossesses tubaires, une maladie inflammatoire pelvienne, la stérilisation ou la stérilité tubaire et enfin lors d’une grossesse en présence d'un dispositif intra-utérin. Ils concluent que même si ces cas sont difficiles à diagnostiquer, plusieurs symptômes permettent de suggérer la présence d'une grossesse abdominale, comme des douleurs abdominales récurrentes, des mouvements fœtaux douloureux ou lorsqu’il est facile de palper les différentes parties du fœtus à travers l’abdomen.