Un scandale passe mais la confiance reste… Un an après l’affaire Médiator, les Français font toujours confiance au médicament. Ils seraient 84 % selon un sondage IPSOS pour le Leem, l’organisation qui fédère les entreprises du médicament, soit 2 points de plus par rapport à 2011. Un niveau de confiance comparable à nos voisins européens. Et cette confiance est encore plus forte, 95 %, quand le médicament est prescrit par un médecin. « On aurait pu avoir un ébranlement important de la confiance, mais il y a une sorte de parefeu à ça, c’est l’expérience personnelle et empirique que font les Français du médicament et de son efficacité, explique Brice Teinturier, le directeur délégué d’IPSOS.
Brice Teinturier, directeur délégué d'IPSOS: "Même si une très grande majorité des personnes interrogées estiment avoir suivi l’affaire Mediator, la confiance ne s’est pas effondrée. »
Pour autant, il ne faut pas croire que rien n’a changé. D'après cette enquête d'opinion réalisée entre le 20 et le 24 janvier denrier, les Français ont intégré la notion d'effets secondaires : 70 % des personnes interrogées pensent que tous les médicaments ont des effets secondaires même si seulement un tiers d'entre elles déclarent "qu'il leur arrive souvent de ressentir des effets secondaires quand ils prennent un médicament". En outre, les Français sont généralement à la recherche de plus d'informations sur les médicaments et jugent à 39% insuffisante l'information délivrée par leur médecin lors de la prescription, d'après Ipsos.
Autre information, il apparaît clairement à travers cette enquête d'opinion que la santé est jugée comme un thème prioritaire ou important, mais insuffisamment abordé par les candidats à la présidentielle par les trois-quarts des Français. Pourtant, les programmes des candidats dans ce domaine restent mal connus du grand public (89 %). Augmentation des tarifs des complémentaires santé, déficit de l’assurance maladie, déremboursement de certains médicaments, « les Français ont le sentiment que ce système de santé est menacé, analyse Brice Teinturier. 91% des personnes interrogées estiment que le coût des nouveaux traitements est une menace pour notre système de santé. Et malgré tout, ils ne trouvent pas dans la campagne électorale des candidats qui à leur yeux feraient des propositions qui répondent à leurs angoisse. C'est un peu injuste".
Brice Teinturier: "ll y a un hiatus considérable entre le niveau de préoccupations, de demandes et d’attentes et la perception qu'ont les Français des réponses données par les candidats".
Concernant le médicament, les candidats de droite comme de gauche ont fait quelques propositions. La plupart concerne l'aspect économique. François Hollande, Eva Joly et Marine Le Pen ont déclaré qu'ils souhaitaient une baisse des prix des médicaments. Jean-Luc Mélenchon a proposé de rembourser à 100 % les médicaments inscrits sur les listes de l'assurance maladie.
De son côté, Nicolas Sarkozy s’appuie sur la réforme du système de pharmacovigilance. Une loi peu remise ne cause pas ses concurrents. François Hollande a juste relancé l'idée des « class action » pour les victimes d'un médicament. Eva Joly a souhaité revoir le système d'évaluation du médicament, qui selon elle, ne préserve que les intérêts des industries. Jean-Luc Mélanchon veut créer un pôle public du médicament avec des capacités de production et de stockage. Une idée qui existerait déjà au Brésil, et permettrait de lutter contre les pénuries de médicaments et de décharger les industriels de certaines recherches, mais aussi d’exploiter les nombreux sites de production menacés. Reste à savoir le coût d’une telle mesure.