Deux semaines après la mort du premier patient greffé avec un coeur artificiel Carmat, le voile commence à se soulever sur les raisons de son décès. Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, le professeur Alain Carpentier, le père du coeur artificiel, explique que “le coeur s’est arrêté brusquement. Il y a eu un court-circuit. Cela a entraîné un arrêt cardiaque identique à celui que peut présenter un coeur naturel pathologique.” Les raisons de ce “problème électronique” n’ont pas encore été découvertes selon le professeur, mais “les ingénieurs de Carmat [...] travaillent dessus jour et nuit pour comprendre. Ils trouveront”.
Le professeur ajoute que “le plus important à [ses] yeux” est que “la mort n’est pas liée à une complication du malade, ni au principe fondamental de cette prothèse qu’est l’emploi de matériaux biocompatibles pour limiter la formation de caillots et le risque de thrombose.”
L'aboutissement de 25 années de recherche, cette prothèse pourrait à terme constituer une alternative aux greffes cardiaques. Alain Carpentier a d’ailleurs tenu à confirmer au JDD qu’il considérait ce premier essai comme une réussite pour la science et la médecine. “Pendant 74 jours, ce patient n’a montré aucune déficience cérébrale, le vérification du coeur après le décès et l’autopsie l’ont confirmé : il n’y avait pas le moindre caillot, ni dans la prothèse, ni dans la circulation. En ce sens l’essai est un succès.”
Le père du coeur artificiel a tenu à rendre hommage au patient, Claude Dany (dont le nom est révélé par l’hebdomadaire dominical) et à sa famille. Il revient sur les 74 jours qu’il a passé avec le premier coeur artificiel bioprothétique total. “Les premières semaines, monsieur Dany récupérait très bien. Et puis il a présenté quelques complications. Principalement des hémorragies, des ulcères de stress à l’estomac, des troubles respiratoires.” “Avec son passé pathologique, son corps était comme un vêtement trop usé. Chaque complication, même mineure, s’additionait.” Des complications qui pourront être évitées à l‘avenir. “Grâce au courage de Claude Dany, nous améliorons déjà la préparation et donc la réussite des prochaines implantations ainsi que le confort du malade”. Trois autres patients devraient être opérés avant la fin de l’année.