« Si le médecin qui traite votre mal de tête pense que ce n’est pas nécessaire, n’insistez pas. » Voilà ce qu’affirme le Dr Brian Callaghan, auteur d’une étude parue ce 17 mars dans le JAMA Internal Medicine. Ce chercheur à l’université du Michigan (Etats-Unis) souhaite réduire le nombre de scanners et d’IRM prescrits aux patients souffrant de maux de tête.
Seulement 1 à 3% d’examens utiles
Selon les résultats d’une analyse sur 3 ans (2007-2010), plus de 5 millions de patients se sont rendus chez le médecin pour une migraine. Un sur huit a ensuite effectué un scanner cérébral. Mais une bonne part de ces examens n’était pas nécessaire, estime le Dr Callaghan : la probabilité qu’ils révèlent un trouble sérieux est très faible (1 à 3%). « Des études solides montrent que le nombre de troubles sérieux révélés par un scanner chez les patients souffrant de migraines est à peu près équivalent à celui trouvé chez des patients sans migraine choisis au hasard », explique-t-il.
Un milliard de dollars dépensés
Ces examens injustifiés représentent une somme considérable pour le système de santé. Au total, 3,9 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros) ont été dépensés en 2010, dont un milliard pour un scanner cérébral. Pourtant, des recommandations ont été émises pour éviter le recours systématique à l’imagerie. Elles définissent des profils de patients chez lesquels un examen est justifié… mais elles sont peu suivies par les médecins. « Les scanners et les IRM sont généralement prescrits pour des maux de tête et des migraines, augmentent avec le temps, malgré le fait qu’il existe peu de circonstances qui rendent ces imageries nécessaires », estime le Dr Callaghan. « C’est une source de dépenses énormes pour le système de santé, sans preuves pour les justifier. »
Les chercheurs supposent qu’une partie des médecins accepte de prescrire des scanners pour soulager les craintes des patients, mais aussi pour se protéger légalement. Selon eux, il faudrait mieux sensibiliser le public, mais aussi faire en sorte que le patient avance les frais de l'examen. Cette mesure dissuasive permettrait de réduire les dépenses inutiles. Car « les médecins ne tiennent pas compte du coût, et les patients paient rarement directement pour ces scanners. Les assurances peuvent demander des autorisations préalables, mais elles couvrent tout de même les scanners s’ils sont prescrits », conclut le Dr Callaghan. L’objectif : éradiquer les 15% de prescriptions à la demande du patient. En avril 2013, l'Académie de médecine estimait que réduire drastiquement le nombre d'actes médicaux inutiles - tels que des radiographies du crâne ou encore des IRM pour hérnie discale, permettrait de diminuer de 10% les dépenses de santé.