D'après des données recueillies auprès de Celtipharm (1), les délivrances de baclofène ont connu une forte hausse ces douze derniers mois : +28 % de février 2013 à février 2014, principalement pour traiter l'alcoolodépendance. Un phénomène constant, puisqu'en 2012 déjà, les ventes de baclofène avaient progressé de 26 %, selon l'Agence du médicament (ANSM). Entre le 1er mars 2013 et 28 février 2014, près de 5 millions de boîtes (4,95 millions) ont été vendues. Résultat, le nombre de patients traités par baclofène entre le 3 mars et le 9 mars 2014 est estimé à 25 752 en France. Des chiffres en hausse dans un contexte particulier pour ce médicament désormais indiqué dans le sevrage de l'alcoolisme
L'Agence de sécurité du médicament (ANSM) a en effet annoncé le vendredi 14 mars qu'elle accordait une recommandation temporaire d'utilisation (RTU) au baclofène danscette indication. Avant cette officialisation attendue depuis longtemps, l'Agence avait obtenu l'avis favorable de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil). Celle-ci avait le même jour validé le système de recueil de données anonymisées qui est mis en place pour évaluer l'efficacité et la sécurité de ce médicament.
Cette recommandation temporaire d’utilisation (RTU) qui fixe un cadre de prescription et reconnait le baclofène comme un traitement de l’alcoolisme est une grande victoire pour les malades et les familles. Mais aussi pour les près de 10 000 médecins qui prenaient jusqu’ici ces prescriptions sous leur seule responsabilité.
Par cette RTU, le baclofène a donc 2 nouvelles indications outre son AMM dans le traitement des contractures spastiques de la sclérose en plaque et des affections médullaires. Il est désormais également recommandé dans l’aide au maintien de l’abstinence après un sevrage chez des patients dépendants à l’alcool et en échec des thérapeutiques disponibles. Et deuxième indication : la réduction majeure de consommation d’alcool jusqu’au niveau de faible consommation chez des patients alcoolo-dépendants à haut risque et en échec des autres thérapeutiques disponibles.
Source : Celtipharm
Des médecins réclament l'assouplissement des conditions de délivrance
Par ailleurs, comme dans l’alcoolodépendance le baclofène est utilisé à fortes doses, l’ANSM a prévu une une prescription par paliers : à partir de 120 mg/jour, le médecin doit solliciter un confrère plus expérimenté dans la prise en charge de l’alcoolo-dépendance. A partir de 180 mg/jour ou 120 chez les patients de plus de 65 ans, il lui faudra l’avis collégial d’un CSAPA ou d’un service hospitalier d’addictologie. Et quoiqu’il arrive, la RTU ne couvre pas les posologies quotidiennes de plus de 300 mg. Résultat, si l’obtention de la RTU est une très bonne nouvelle, certains médecins sont déçus par ses modalités pratiques compliquées.
A ce titre, un communiqué de presse commun des médecins la Fédération Addiction, Resab et MG Addictions publié ce mardi fait état de ce mécontentement. Ces médecins demandent ainsi que « chaque médecin prescripteur, quelle que soit sa spécialité, puisse juger lui-même, comme le code de déontologie le demande, s’il est compétent pour traiter ses patients seul ou en collaboration avec le médecin de son choix. »
Ou encore, « que l’avis d’un confrère ou d’un « collège d’addictologues » soit facultatif et non « requis », et cela quelle que soit la dose envisagée.
(1) Celtipharm est le premier panel temps réel en santé, constitué de 4 600 officines représentatives de l'ensemble des officines françaises, développé et exploité au sein du Centre d'Essais de Celtipharm.