Pour approfondir les connaissances sur les hépatites virales, 25 000 patients français vont être placés sous surveillance... Cette cohorte exceptionnelle, par son ampleur et ses objectifs, vient d’être lancée officiellement ce lundi au cours d’une réunion organisée par l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites (ANRS). La cohorte prénommée « ANRS HEPATHER » va permettre d’étudier notamment l’évolution de la maladie hépatique liée au virus B ou C (VHB ou VHC) chez des patients guéris ou au stade chronique de l’infection. Mais surtout, de connaître l'efficacité des nouveaux traitements.
Un suivi sur huit ans
Pour mener ces travaux, ces malades pourront être suivis avant de commencer un traitement et à partir de la mise sous traitement, y compris dans les phases les plus précoces d’accès aux nouvelles molécules (les « ATU », autorisations temporaires d’utilisation), et après l’arrêt du traitement. Trente-six centres cliniques hospitaliers y participent, répartis sur tout le territoire. Les 25 000 patients seront suivis pendant environ huit ans aux plans socio-démographique, clinique, biologique. Une « biothèque » est destinée à recueillir 1 million de prélèvements.
« Cette cohorte est une opportunité exceptionnelle de mesurer les vrais bénéfices et les limites des traitements à court et à long terme », explique dans un communiqué de presse de l'ANRS le Pr Stanislas Pol, responsable du service d'hépatologie à l'Hôpital Cochin (Paris), investigateur coordonnateur de la cohorte.
Une cohorte pleine d'espoir pour les 230 000 malades français
Chercheur à l'Inserm également, ce spécialiste des maladies du foie confirme donc que cette cohorte arrive « à point nommé ». En effet, depuis une période récente, les médecins relatent fréquemment de remarquables progrès dans la prise en charge des hépatites virales.
Pour l’hépatite C par exemple, les premières générations d’inhibiteurs de protéase (Bocéprévir etTélaprévir) ont, associées au traitement de référence Peg-Interféron + Ribavirine, changé la donne à partir de 2011. Si bien qu'avec ces nouveaux traitements, la guérison virale est obtenue chez 45 à 75 % des patients infectés par un VHC de génotype 1, le plus répandu et le plus difficile à traiter.
Par ailleurs, l’arrivée de nouveaux antiviraux, ciblant d’autres protéines virales, laisse aussi espérer des taux de guérison supérieurs, y compris pour les malades les plus sévèrement atteints, avec une durée de traitement plus courte et moins d’effets secondaires.
Enfin, actuellement, plus de 70 molécules sont en cours de développement. « Avec la puissance de ces molécules, l’éradication de l’infection virale, qui permet de restaurer les fonctions du foie, sera donc le plus souvent la règle », se réjouit l'ANRS.
En résumé, la cohorte va tenter de répondre à court, moyen et à long terme à toutes les questions aujourd’hui sans réponse. Parmi elles, quelle est l’efficacité des nouvelles molécules, administrées ? Comment sont-elles tolérées, pendant et après le traitement ? Ou encore, quelle est la durée optimale du traitement...
Un défi d'une ampleur considérable quand on sait qu'aujourd'hui encore 230 000 personnes seraient infectées par le virus de l'hépatite C en France. Cette même infection entrainerait ainsi 3500 décès par an dus aux cirrhoses et à l’hépatocarcinome dans l'Hexagone.