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Sondage Générations Cobayes

Perturbateurs endocriniens : les jeunes manquent d'information

Par Audrey Vaugrente

Bisphénol A, parabènes, phtalates : des perturbateurs endocriniens connus… mais pas assez pour convaincre les jeunes de scruter l’étiquette de leurs produits d’hygiène et de beauté.

SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

Les perturbateurs endocriniens (PE) envahissent nos salles de bains… mais nous sommes nombreux à ignorer leur présence. Un sondage auprès de 35 000 jeunes, réalisé par Générations Cobayes, révèle que nous sommes encore nombreux à ne pas connaître les effets de ces substances. Une analyse, réalisée par André Cicolella (1) alerte sur ces substances chimiques qui perturbent notre organisme.

 

33% ignorent la composition de leur déodorant

Parabènes, bisphénol A, phtalates : voici les perturbateurs endocriniens les plus tristement célèbres… mais encore mal connus. Les parabènes sont identifiés par une majorité de sondés, même si 44% reconnaissent ne pas savoir comment ils agissent. Le bisphénol A est inconnu de presque un jeune sur trois. Ce sont pourtant les plus « médiatisés » des perturbateurs endocriniens… Les phtalates, quant à eux, n’évoquent rien pour la moitié des jeunes interrogés.  Alertés sur leurs dangers, pas moins de 8000 jeunes sur les 35 000 interrogés ont d'ailleurs laissé leur adresse mail pour recevoir des informations et des conseils sur les perturbateurs endocriniens.

 

Dans la salle de bains, on retrouve des perturbateurs au nom souvent barbares, mais pas moins dangereux. 40% des produits hygiène et beauté en contiennent. Les « champions » en la matière sont les vernis (74% de PE), les fonds de teint (71% de PE) et le maquillage pour les yeux (51% de PE). Pourtant, selon les résultats du sondage, seuls 10 à 20% des jeunes ont recours à des produits bio. La plupart des personnes interrogées choisissent des cosmétiques sans label bio. Ils se soucient toutefois du contenu des produits qu’ils achètent : la moitié des sondés lit l’étiquette avant de choisir un déodorant. Mais un tiers ignore la composition du produit sur son étagère.

 

Muqueuses, peaux fines et sensibles…

Le visage est particulièrement exposé aux perturbateurs endocriniens. Être attentif au contenu des produits que l’on y dépose est donc d’autant plus important, affirme Générations Cobayes. Dans son analyse, André Cicolella précise les vulnérabilités de chaque zone du visage. Baumes et rouges à lèvres s’appliquent sur des muqueuses, l’absorption des perturbateurs (ethylhexyl methoxcinnamate) est donc plus rapide. Le constat sur les fonds de teint et crèmes hydratantes est encore plus alarmiste : 71% et 32% des produits contiennent des perturbateurs endocriniens (parabènes et cyclopentasiloxane)… mais aussi des agents de pénétration qui amplifient l’absorption des substances. La finesse des gencives, pour les dentifrices (parabènes, triclosan), et la fragilité de la peau, pour les déodorants (parabènes, cyclopentasiloxane), s’avèrent aussi problématiques.

 

Pas moins de 166 substances peuvent être utilisées comme conservateur dans les produits cosmétiques, dont certaines ne présentent pas de risque pour la santé. Pourtant, les industriels se tournent en majorité vers d’autres substances à risque : phenoxyethanol, benzyl alcohol, methylisothiazolinone (et autres dérivés)… D’autres substances, comme les huiles essentielles, l’argile ou certaines algues, ont des propriétés similaires aux parabènes, rappelle cette étude. Aux industriels de s’affranchir des conservateurs en s’ouvrant aux alternatives, conclut-elle.

 

(1) André Cicolella est un chimiste et toxicologue à l’origine de l’interdiction du bisphénol A dans les biberons et celle du perchloréthylène dans les pressings.