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D'origine non allergique

La majorité des asthmatiques s'ignore

Par Cécile Coumau

Plus de 80% des asthmatiques non-allergiques ne sont pa diagnotiqués. Et les femmes sont quatre fois plus touchées que les hommes.

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L'asthmatique a quelques ennemis jurés : les pollens, les poils d'animaux ou encore les moisissures. D'autres asthmatiques n'ont pas cette chance ! Ce sont les asthmatiques non-allergiques. Eux, sont souvent devenus malades après une infection comme une bronchite. La muqueuse endommagée réagit violemment en cas de froid, ou encore lorsqu'elle est confrontée à de la fumée de cigarettes. Mais, surtout nombre d'entre eux ignorent qu'ils souffrent de cette maladie.

Selon une large étude européenne parue dans la revue scientifique Thorax, seulement 16% des personnes qui présentent tous les symptômes de l'asthme non allergique sont diagnostiquées. Plus de 80% sont donc dans l'ignorance de leur maladie et par conséquent dans l'incapacité de la traiter efficacement. Il faut dire que les tests utilisés habituellement dans l'asthme (les tests cutanés ou le taux de concentration d'IgE sériques) sont inopérants.

L'autre grande révélation de cette étude européenne concerne le profil des asthmatiques non-allergiques. Manifestement, les hommes et les femmes ne sont pas sur un pied d'égalité. Certes, plusieurs études ont déjà montré qu'à la puberté, la prévalence de l'asthme augmente beaucoup plus chez les jeunes femmes. Mais, il ne s'agissait que d'asthme en général et au-delà de ce constat, on n'avait aucune explication à cette inversion des courbes de prévalence chez les garçons et les filles. En passant à la loupe, les données de 10 000 personnes, on franchit une étape dans la connaissance de cette pathologie méconnue. Pour la première fois, les chercheurs ont pu séparer l'incidence de l'asthme allergique et l'incidence de l'asthme non allergique.

Bénédicte Leynaert, auteur principal de l'étude : "Les femmes sont presque quatre fois plus touchées que les hommes par l'asthme non allergique".

 

D'après cette étude, chaque année, 3 femmes sur 1000 sont diagnostiquées asthmatique non allergique. Alors, certes, rien à voir avec le poids des asthmatiques en général. Mais, à l'échelle de l'Europe, cela représente tout de même une armée de quelque 3 millions de femmes... et d'hommes. Et ces chiffres pourraient bien être sous-évaluées étant donné le fort sous-diagnostic. Les causes de cette inégalité homme-femme face à la maladie sont, elles, un peu plus floues. 

Bénédicte Leynaert:  "Les hormones masculines pourraient avoir un effet protecteur". 


Une autre piste d'explication possible serait la leptine. Cette hormone qui régule les réserves de graisses dans l'organisme et l'appétit dont la concentration est beaucoup plus présente chez les femmes. Or, elle pourrait être à l'origine de l'inflammation de l'asthme.