Détecter l'autisme de manière plus précoce, c'est tout l'espoir que suscite l'étude qui vient d'être publiée dans le New England Journal of Medicine. Des neurologues américains y révèlent que l'autisme résulterait d'anomalies dans le développement de certaines structures cérébrales. Relayés par les sites du Figaro et du Parisien, ces résultats pourraient avoir une portée majeure. En effet, comme le déclare Thomas R. Insel, MD, directeur de l'Institut américain de la santé mentale (NIMH) qui a financé ces travaux de recherche, « bien que l'autisme soit généralement considéré comme un trouble de développement du cerveau, la recherche n'a pas identifié une lésion causale. Si nous parvenons à faire de nouvelles études prouvant que le cerveau de certains enfants atteints d'autisme est désorganisé, nous pourrons en déduire que cela reflète un processus qui se déroule bien avant la naissance. Cela renforce l'importance de l'identification et de l'intervention précoce », conclut le chercheur.
Les médecins ont analysé des échantillons de tissu cérébral post-mortem provenant de 11 enfants autistes âgés de 2 à 15 ans au moment de leur décès. Ils les ont comparés à des prélèvements sur un groupe témoin de 11 autres enfants qui n'étaient pas autistes. Les chercheurs ont analysé une série de 25 gènes qui servent de biomarqueurs pour certains types de cellules cérébrales formant les six différentes couches du cortex. Résultat : ces biomarqueurs étaient absents dans 91 % des cerveaux des enfants autistes contre 9 % dans le groupe contrôle.
Autre constatation d'importance : ces signes de désorganisation ne se trouvaient pas sur toute la surface du cerveau, mais étaient localisés dans le lobe frontal et temporal du cerveau. Des zones qui sont impliquées dans les fonctions sociales, émotionnelles, de la communication et du langage, qui dysfonctionnent chez les autistes. D'après les chercheurs, comme ces anomalies n'affectent pas l'ensemble du cortex, le cerveau en développement aurait les capacités de « recâbler » ses connexions en passant par des zones voisines saines et ainsi assumer un rôle essentiel dans les fonctions d'interaction sociale et de communication.
Pour le Dr Lisa Gilotty, spécialiste de l'autisme à l'Institut américain de la santé mentale, « cette découverte est très prometteuse avec un grand potentiel » pour avancer dans la compréhension et le traitement de l'autisme. « Pour la première fois, ces travaux semblent indiquer ce qui se passe dans le cerveau et où dans le cerveau, mais sans encore pour autant en expliquer le mécanisme », a déclaré la chercheuse à l'AFP.
Permière diffusion : 28 février 2014