Du gaz radioactif dans la maison d'une nounou ! C'est la découverte faite par le groupe industriel français Areva à l'intérieur d'une habitation de Bessines-sur-Gartempe, au nord de Limoges (Haute-Vienne), où les sols, riches en minerais d'uranium, ont fait pendant des décennies l'objet d'une exploitation minière.
Des risques de cancer du poumon en cas d'exposition prolongée
Cette famille résidait dans une maison édifiée dans les années 1960. Les occupants y ont exercé à l'intérieur, entre 2000 et 2014, une activité de garde à domicile qui aurait concerné une vingtaine d'enfants, issus de seize familles qui ont été identifiées et seront contactées.
Lors de mesures qui ont été faites dans le cadre du programme de recensement des lieux de réutilisation des résidus miniers d'uranium, diligenté par Areva, la présence « en quantité anormale de radon, un gaz qui se dilue facilement dans l'air extérieur mais qui peut présenter des risques pour la santé en cas d'exposition prolongée, a été décelée dans la cave et les pièces du logement », indique un communiqué de la préfecture et de l'Agence régionale de santé (ARS), diffusé dans la soirée de mercredi.
Et ce risque est loin d'être anodin. Incolore et inodore, le radon est la première cause d'irradiation naturelle en France. Depuis 1987, il est classé comme une source potentielle de cancer du poumon par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce risque de cancer augmente avec la concentration de radon dans l'air, et avec la durée pendant laquelle un individu est exposé à cet air nocif.
Une contamination naturelle touchant aussi les hôpitaux
Pour expliquer cette contamination, « outre des stériles miniers, des résidus de traitement de minerai d'uranium ont été utilisés en remblais sous cette habitation et sont à l'origine des concentrations de radon mesurées », précise le texte, selon lequel « la présence de tels résidus en dehors des sites miniers et des lieux de stockage autorisés est tout à fait anormale et contraire à la réglementation. »
Les services de l'Etat qui ont été informés de cette découverte le 10 mars par Areva, ont immédiatement saisi l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire qui est désormais chargé d'évaluer le degré d'exposition des occupants et les éventuels risques sanitaires encourus. Dans l'attente des résultats de cette enquête administrative en cours, la famille a d'ores et déjà été relogée.
Pour rappel, le radon est un gaz radioactif d'origine naturelle présent plus particulièrement dans les sols granitiques. Il se concentre au sein de l'habitat mal ventilé dans certaines régions. Et cette contamination ne touche pas que les domiciles de particuliers. En France, parmi les établissements sanitaires et sociaux contrôlés pour le risque lié au radon dans certains départements, 13 % sont au-dessus du niveau nécessitant des actions voire des travaux pour diminuer l'exposition, selon un bilan publié en 2010 par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).