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Enquête du Collectif Autisme

Près d'un autiste sur deux victime de maltraitance

Par Audrey Vaugrente

Les patients autistes, adultes comme enfants, sont victimes de maltraitance généralisée, selon un collectif. Une maltraitance directe, mais aussi induite par la violation de leurs droits.

Visuel de la campagne (Jean-Baptiste Mariou / Collectif Autisme)

Traitements inadaptés, internements injustifiés, non-respect des droits… La dernière enquête du Collectif Autisme, révélée ce 27 mars, met en lumière la « violation généralisée des droits des personnes autistes » et la maltraitance dont elles sont victimes. C’est d’ailleurs l’objet de sa nouvelle campagne, qui assimile la prise en charge à un emprisonnement.

 

« Prisonniers du système français »

« Les droits des personnes autistes sont constamment bafoués », dénonce le Collectif Autisme, qui apparente cela à une maltraitance. Un patient autiste sur deux ne peut pas consulter son dossier médical à l’âge adulte. Les parents d’enfant autiste ne sont pas mieux lotis. Ceux dont l’enfant est menacé « d’enfermement injustifié » sont 8 sur 10 à ne pas avoir accès au dossier médical. Les ¾ des parents dont l’enfant a été victime de maltraitance affirment la même chose.

 

 

« Usines à fabriquer de la maltraitance »

Cette opacité se retrouve d’ailleurs dans la prise en charge des patients autistes. 45% d’entre eux subissent de mauvais traitement ou des carences de soin. Ils sont près de 3 sur 10 à avoir reçu un traitement inapproprié et autant à avoir été menacé de placement injustifié en hôpital psychiatrique ou en institution fermée.
Les observations des parents font froid dans le dos : certains signalent qu’ils n’ont pas pu savoir comment leur enfant est pris en charge, d’autres ont été victimes de pressions et de menaces lorsqu’ils ont refusé l’enfermement de leur progéniture. Parfois même, les familles font état de soins d’hygiène de base lacunaires et s’inquiètent d’éventuels sévices physiques ou sexuels.

 

Dans la plupart des cas, la maltraitance ne va pas aussi loin, mais se borne à des méthodes qui diffèrent des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS). Quatre autistes sur cinq n’ont pas accès à une éducation adaptée, et ne peuvent donc pas s’épanouir. Certains régressent même dans des établissements où ils ne sont pas stimulés. Collectif Autisme ne remet pas en question « la compétence et le professionnalisme » de tous les instituts, mais constate amèrement que certains « deviennent de véritables usines à fabriquer de la maltraitance », par manque de moyens, mais aussi à cause des personnels soignants mal formés et d’une direction qui ne souhaite pas développer l’autonomie des résidents.

 

Redonner leurs droits aux autistes

« La France se targue d’être la terre des Droits de l’Homme et de disposer d’un des meilleurs systèmes de santé au monde », conclut le Collectif Autisme. « Qu’attend-elle pour redonner aux personnes autistes leurs droits et les accompagner dignement ? » Une pétition est lancée pour réclamer l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire. Elle aura pour rôle de faire la lumière sur les blocages et les « aberrations responsables » de la violation des droits des patients autistes.