Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 2,8 millions de personnes meurent chaque année à cause de l’obésité. C'est un fléau contre lequel les gouvernements se battent, notamment en lançant des campagnes de prévention. Une stratégie tout à fait justifée au vu des risques que l'obésité fait peser sur la santé mais qui devrait peut-être s'appliquer aussi à la maigreur. En effet, une étude canadienne publiée dans le Journal of Epidemiology and Public Health affirme que la surmortalité liée à la maigreur serait équivalente à celle liée à l'obésité.
Encore plus de risque de décéder que les obèses
L’étude menée par le Dr Joel Ray a cherché à s’intéresser à des études portant sur le lien entre l’Indice de Masse Corporel (IMC) et les décès quelle qu’en soit la cause. Avec son équipe, le Dr Ray a analysé les données de 51 études portant sur le sujet.
Les résultats de leur analyse ont montré que pour les personnes ayant un IMC inférieur à 18,5, c’est à dire sous le seuil normal, le risque de mourir est 1,8 fois plus important qu’une personne avec un IMC normal (entre 18,5 et 24,9). Le Dr Ray rappelle qu'une personne obèse (avec un IMC entre 30 et 35) a 1,2 fois plus de risques de mourir qu’une personne normale et ce risque montre à 1,3 fois pour les personnes en obésité sévère (35 et plus).
Ces chiffres montrent que la maigreur est encore plus dangereuse que l’obésité en terme de risques de mortalité. Les résultats ne varient même pas lorsque des facteurs comme le tabac, la consommation d’alcool ou les maladies pulmonaires sont inclus dans les recherches.
La maigreur peut être le résultat d'une malnutrition, d'une consommation excessive d’alcool, de tabac, de drogues ou encore liée à des problèmes psychiatriques comme l’anorexie.
La maigreur influence aussi le fœtus
Pour les besoins de l’étude, le Dr Ray a aussi analysé le poids de nouveau-né et d’enfants morts-nés dans la région d’Ontario (Canada). Il a découvert que la maigreur mettait tout autant en danger la mère que le fœtus.
Cette analyse vient compléter les résultats d’une étude américaine publiée dans le European Journal of Pharmacology. Les chercheurs ont découvert que les nouveau-nés de moins de 2,5kg avaient des retards au niveau du développement de certains organes. La co-auteur de l’étude, Ganesh Cherala, expliquait qu' « en fin de grossesse, les fœtus de petit poids tentent de finir le développement de leur cerveau, quitte à sacrifier si nécessaire le développement d’autres organes comme les reins et le foie. »
Pour le Dr Ray, même si les sociétés essayent de ralentir l’obésité, « nous avons aussi l’obligation de faire attention à ne pas créer une épidémie d’adultes maigres et de nourrissons maigres alors qui sont au poids idéal ».