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Horloge biologique

Heure d’été : 25% d’infarctus en plus le lundi suivant

Par Afsané Sabouhi

Le changement d’heure de ce dimanche pourrait être fatal aux cœurs fragiles, très sensibles à ce bouleversement brutal du cycle veille-sommeil, alerte une étude américaine.

Charlie Riedel/AP/SIPA

Ce dimanche à 2 heures du matin, il sera officiellement 3 heures. Comme chaque année depuis 1976, nous passerons à l’heure d’été. Est-ce bien nécessaire alors que l’argument des économies d’énergie est très contesté ? Une étude américaine présentée aujourd’hui au Congrès américain de cardiologie et publiée dans la revue Open Heart dénonce une pratique dangereuse pour les personnes à risque cardiaque. Le lundi suivant le passage à l’heure d’été, le nombre d’infarctus connaît une hausse de 25% par rapport à un autre lundi, selon ces chercheurs de l’Université du Colorado.

 

Stress du lundi + manque de sommeil = déclenchement d'infarctus

Pour parvenir à ce chiffre, ils ont passé en revue les plus de 42 000 admissions dans un hôpital de l’Etat du Michigan pour crise cardiaque entre janvier 2010 et septembre 2013. Ils ont tenu compte du fait qu’il survient plus d’infarctus en hiver qu’en été et plus le lundi que les autres jours de la semaine. Mais malgré ces ajustements, le nombre d’infarctus survenant le lundi suivant le changement d’heure était en hausse de 34% par rapport au lundi d’avant et en hausse de 25% par rapport à la moyenne des autres lundis de l’année. « La raison est probablement une combinaison de facteurs : le stress de commencer une nouvelle semaine de travail et le fait que les personnes déjà à risque de maladies cardiaques semblent être plus vulnérables aux changements de rythme brutaux », explique le Dr Amneet Sandhu, cardiologue et co-auteur de cette étude.

C’est la perte d’une heure de sommeil qui semble particulièrement préjudiciable, le manque de sommeil pouvant être l’élément déclencheur de l’infarctus chez une personne à risque. A l’inverse, les chercheurs ont constaté que le nombre d’infarctus chutait de 21% le mardi suivant le passage à l’heure d’hiver, quand nous gagnons une heure de sommeil. Pourquoi le mardi suivant et non le lundi ? Les chercheurs avouent ne pas avoir trouvé d’explications.

 

Cette étude américaine n’est pas la première à montrer que le changement d’heure est néfaste pour le cœur. En 2008 déjà, une étude menée en Suède sur la période 1987-2006 avait relevé une augmentation de 5% du nombre d’infarctus pendant la semaine suivant le changement d'heure.

 

Restez tranquilles ce weekend

Pour autant, impossible, même pour les personnes à haut risque cardiovasculaire, par exemple celles ayant déjà eu un accident cardiaque ou celles souffrant de diabète de type 2 avec d’autres facteurs de risque comme le tabagisme, l’hypertension ou un âge supérieur à 50 ans, de rester à l’heure d’hiver. Aux cardiaques encore plus qu’aux autres, les spécialistes conseillent donc de rester tranquilles ce week-end. Il vaut mieux éviter les excitants et l’activité physique en fin de journée à partir de samedi et toute la semaine prochaine et surtout de se coucher dès que le sommeil se fait sentir pour recaler au plus vite son horloge biologique. Selon les chronobiologistes, ce passage à l’heure d’été est en effet plus difficile à encaisser pour notre organisme qu’un vol Paris-New York.