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Un gène responsable de la digestion des sucres

Obésité : la salive impliquée dans la prédisposition génétique

Par Julian Prial

Selon une étude, le nombre de copies d'un gène servant à digérer les sucres complexes favoriserait l'obésité. Chaque copie de ce gène en moins augmente de 20 % ce risque.

Mark Lennihan/AP/SIPA

Et si les mystères de l'obésité résidaient dans la salive ? C'est en tout cas ce que suggère une étude récente basée sur une analyse génétique et menée par une équipe réunissant des chercheurs du CNRS, de l'Institut Pasteur de Lille, et de l'Imperial College London. D'après ces travaux parus dimanche dans la revue spécialisée Nature Genetics, les personnes qui ont le plus petit nombre de copies du gène de l'amylase salivaire (et ainsi peu de cette enzyme dans leur sang) ont un risque multiplié par 10 de devenir obèses. Et pour le Pr Philippe Froguel, coordinateur de l'étude, chaque copie de ce gène en moins augmente de 20 % le risque d'obésité. C'est la première fois que le lien génétique entre la digestion des glucides complexes (amidons) et l'obésité est démontrée.

Deux hypothèses à explorer pour expliquer ce lien
Selon ces scientifiques, « on ne connait pas encore pourquoi la déficience en amylase salivaire favorise l'obésité ». Deux hypothèses sont toutefois envisagées par cette équipe internationale. D'une part la mastication des aliments et leur digestion partielle dans la bouche pourrait avoir un effet hormonal entraînant la satiété qui serait diminuée en cas de déficience en amylase salivaire (AMY1).
D'autre part, la mauvaise digestion des amidons pourrait modifier la flore intestinale et ainsi contribuer indirectement à l'obésité voire au diabète comme le suggèrent les premières études réalisées chez des personnes à haute ou basse amylase salivaire. Ainsi les personnes à basse amylase salivaire ont une glycémie anormalement élevée quand on leur fait manger de l'amidon.


Des perspectives de traitement de l'obésité

Par ailleurs, ces résultats ouvrent des perspectives de prévention et de traitement de l'obésité prenant en compte la digestion des aliments et leur devenir intestinal, confient ces chercheurs.
Et ces derniers de rappeler qu'aujourd'hui, un milliard de personnes sont en surpoids. Si au niveau d'une population entière c'est l'environnement délétère qui favorise l'obésité, au niveau individuel les facteurs génétiques expliquent 70 % du risque génétique des personnes prédisposées à l'obésité.
Enfin, environ 5 % des personnes très obèses portent une mutation d'un des gènes contrôlant l'appétit qui est suffisante pour les rendre obèses. « A elle seule, la région du génome contenant le gène AMY1 expliquerait près de 10 % du risque génétique », conclut l'équipe.