Délivrer des médicaments à l'unité pour éviter le gaspillage et une automédication dangereuse, l’expérience est lancée pour trois ans à compter de ce 1er avril dans 78 officines volontaires en Lorraine, Limousin et Paca. Dans le cadre de l’expérimentation prévue par la loi de financement de la sécurité sociale 2014 (LFSS 2014), 14 molécules pourront être dispensées à l’unité dans les pharmacies volontaires.
Des lacunes dans l’approche
Amoxicilline + acide clavulanique, céfotiam, lévoflaxacine… voici quelques noms des antibiotiques inclus dans l’expérimentation. Un projet d’ampleur qui suscite d’ores et déjà des critiques. Selon l’APM, le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo), Gilles Bonnefond, a appelé les pharmaciens à ne pas se porter volontaire. Il a dénoncé lors du salon Pharmagora des conditions de rémunération insuffisantes (1 000€ pour la durée totale) et une tâche en-deçà de leurs compétences.
Le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Gaertner, s’est montré plus modéré. « On ne peut pas lancer l’expérimentation en l’état », a-t-il affirmé à l’APM sans appeler au boycott.
« Un système semi-industriel »
Michel Caillaud, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) a également accueilli l’expérimentation avec fraîcheur. Dans un entretien au JIM (lien abonnés), il reconnaît que la dispensation à l’unité « devrait éviter un certain gaspillage » mais pointe les limites de l’organisation : « un système semi-industriel avec un coût matériel et humain très élevé », la nécessité de « réduire la palette du prescripteurs » mais aussi une incertitude que cela améliorera l’observance des patients.
Selon Michel Caillaud, choisir les antibiotiques pour l’expérimentation n’est pas un choix pertinent : « Ce n’est évidemment pas cette classe médicamenteuse qu’il fallait choisir ! Le conditionnement des antibiotiques est déjà suffisamment varié pour répondre de manière adaptée aux prescriptions médicales ! » déclare-t-il. La pertinence du dispositif était aussi mise en doute par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens en novembre dernier. Sa présidente Isabelle Adenot interrogeait l’utilité de la dispensation à l’unité tout en soulignant les nombreuses questions restées en suspens.
Sources : JIM ; APM