Vivre seul nuirait-il à la santé ? Des chercheurs du Karolinska Institutet (Suède) ont signalé ce 31 mars dans le Journal of Clinical Oncology que le célibat est associé à un diagnostic plus tardif du mélanome cutané malin. Un élément alarmant quand on sait que le taux de survie à cette forme agressive de cancer de la peau est de 90% lorsque le diagnostic est posé rapidement.
30% de risque de décès en plus
Les chercheurs ont passé en revue plus de 27 000 dossiers de patients atteints de mélanome entre 1960 et 2007. Ils ont étudié le stade auquel la maladie a été diagnostiqué, l’issue de la maladie (guérison ou décès) ainsi que le statut marital. Selon qu’on est un homme ou une femme, en couple ou célibataire, les deux premiers paramètres varient.
« Vivre seul, parmi la population masculine, est associé de manière significative à une survie réduite au mélanome, en partie parce que le diagnostic est posé à un stade plus avancé, » explique le Dr Hanna Eriksson, auteur principal de l’étude. « C’est valable pour les hommes de tous âges. » Le risque que le diagnostic survienne au stade 2 de la maladie plutôt qu’au stade 1 est de 42% parmi les hommes célibataires, tout comme celui qu’il soit posé à un stade 3 ou 4 plutôt qu’au stade 1. Par conséquent, le risque de mourir de cette forme de cancer est un tiers plus élevé parmi cette population que chez les hommes en couple. Un résultat logique aux yeux du Pr Brigitte Dréno, directrice de l’unité de dermato-cancérologie du CHU de Nantes, contactée par pourquoidocteur. « Il est beaucoup plus difficile de s’auto surveiller la peau quand on est seul », estime-t-elle, soulignant qu’il faut alors s’observer dans un miroir.
La femme, « vecteur » de santé
L’issue de la maladie n’est en revanche pas influencée par le statut marital des femmes, même si le risque d’un diagnostic tardif est légèrement plus élevé chez les femmes âgées célibataires. « La femme est plus souvent le vecteur du fait de prendre soin de sa santé, et stimule donc le conjoint à aller voir un médecin », explique le Pr Brigitte Dréno, qui décrit aussi la femme comme « plus sensible aux informations de dépistage. »
Selon les auteurs de l’étude, l’accès aux informations sur le mélanome peut varier selon le sexe et l’âge, ce qui expliquerait que les hommes et les femmes plus âgées consultent plus tardivement. Ils supposent aussi que les hommes n’effectuent pas suffisamment d'examens de la peau. Il faudra donc développer des « interventions ciblées pour une détection précoce ». Un avis partagé par le Pr Dréno, selon qui cette étude « doit faire considérer l’homme cible comme nécessitant une surveillance par un médecin », d’autant plus si le patient est de peau claire, porte de nombreux grains de beauté et possède des antécédents familiaux.