Fausse alerte à l'aéroport « Roissy-Charles-de-Gaulle » ce vendredi matin, trois nouveaux cas suspects à Bamako (Mali) le même jour, les alertes au virus Ebola se multiplient. Et avec elles la peur. Normal, car ce virus venu d'Afrique est très mortel. En Guinée, où l'épidémie de fièvre hémorragique virale fait rage, 84 personnes sont décédées sur 134 cas enregistrés depuis janvier, essentiellement dans des districts du Sud, selon le dernier bilan officiel du gouvernement guinéen. Au Libéria, ce sont 14 cas qui ont été recensés, dont 7 sont décédés. Ces chiffres inquiètent d'autant plus les chercheurs que « le virus Ebola s'est retrouvé à 2 500 kilomètres de sa zone habituelle de circulation », explique le Dr Sylvain Baize (1), responsable du centre national de référence (CNR) des fièvres hémorragiques virales au laboratoire P4 Pasteur-Inserm de Lyon contacté par pourquoidocteur. Pourtant, ce dernier qui a découvert le virus le premier dans son laboratoire rassure aussi en indiquant que la menace d'une épidémie en France est « très faible ».
Un patient contaminé par Ebola peut-il arriver en France ?
Dr Sylvain Baize : Le risque que le virus arrive en France n'est pas nul mais il reste vraiment très limité. L'hypothèse qu'un patient malade ou en phase d'incubation prenne l'avion avec le virus Ebola est peu probable. Tout d'abord parce qu'on n'a pas encore d'épidémie massive dans la capitale guinéenne à Conakry. Celle-ci reste pour le moment limitée dans une zone très reculée du pays. De plus, la maladie a une survenue très brutale. Résultat, le patient est très vite malade, donc alité, et pas en mesure de voyager.
Et si un patient malade arrivait en France, que se passerait-il ?
Dr Sylvain Baize : Il ne faut pas avoir trop de crainte car les mesures mises en place actuellement par les pouvoirs publics visent à éviter tout risque de contamination. Ces mesures de précaution sont en général efficaces. Parmi elles, l'isolement automatique du passager malade pendant le vol décidé par Air France est nécessaire. Enfin, lors d'une fièvre suspecte à l'arrivée, ces patients seront également pris en charge et isolés des autres voyageurs. Cependant, pour ces derniers, les chances de survivre sont infimes. Le virus actuel ne connaît ni vaccin, ni traitement efficace. Conséquence, dans 90 % des cas le patient décède.
Des conseils pour ceux qui doivent se rendre dans la zone épidémique ?
Dr Sylvain Baize : Il faut éviter d'aller dans les zones très touchées par l'épidémie. Concernant la capitale Conakry, il vaut mieux appeler les autorités locales avant de s'y rendre. Elles sont les mieux à même de répondre à ce type de question. Enfin, une fois sur place, il est préférable de respecter les règles d'hygiène. S'abstenir de consommer de la viande de brousse en fait partie.