Si vous voulez faire une bonne action ce week-end, tous à vos portefeuilles ! La grande opération de collecte du Sidaction au profit de la lutte contre le sida se déroule depuis vendredi 4 avril et jusqu'à ce dimanche. Par téléphone en composant le 110, ou sur Internet grâce au site www.sidaction.org, les possibilités de faire un don sont nombreuses. En 2013, l'association avait ainsi récolté quelques 5,1 millions d'euros servant aussi financer des structures qui viennent en aide aux malades. « Mais Sidaction, c'est aussi de l'argent pour soutenir et faire avancer la recherce contre le VIH », confie le Pr Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon (Paris 20e). Contacté par la rédaction de pourquoidocteur, il rajoute que « même si les chantiers restent immenses, ils sont pleins d'espoir. »
En dehors des antirétroviraux, existe-t-il de nouvelles pistes de thérapie ?
Pr Gilles Pialoux : Les nanomédicaments capables d’amener une molécule active sur une cible thérapeutique donnée, sont une piste très intéressante de recherche aussi bien pour la prévention que pour le traitement du VIH. Même si elles restent des médicaments, au même titre que les antirétroviraux. Mais, avec ces nanoparticules, le but, c'est de mettre des formes galéniques de médicaments "à effet retard" en injectable avec des piqûres une fois par mois voir une fois tous les 3 mois. Des essais sont actuellement menés à ce sujet et si cela marche, ça serait extraordinaire, notamment dans les pays émergents pour faire de la prévention.
L'autre piste prometteuse, c'est celle de la thérapie génique qui délivre aux cellules, un gène fonctionnel qui remplace le gène défectueux à l’origine de la maladie (transgène). Utilisée dans la recherche contre le sida, elle essaye de modifier le signal de la cellule pour la rendre résistante au virus.
En outre, plusieurs outils de prévention sont actuellement testés. Je pense par exemple à un médicament sous forme de patch ou à d'autres sur des films à usage vaginal qui se diluent dans cette zone pour protéger de l'infection. Enfin, des anneaux vaginaux ou rectaux, des tampons imbibés de médicaments sont aussi en essais.
Concernant les antirétroviraux, peut-on encore progresser ?
Pr Gilles Pialoux : Bien sûr, même s'ils sont déjà très efficaces, on peut toujours faire mieux. Le but, c'est de rendre ces médicaments moins toxiques et de faire évoluer les formes galéniques pour rendre le quotidien des patients moins contraignant. Notamment en mettant 3-4 produits actifs dans un seul comprimé comme c'est déjà le cas actuellement.
De plus, il faut encore améliorer tous les effets secondaires de l'inflammation chronique sur le vieillissement du corps et son métabolisme (os, rein...) Et là, il y a énormement de travail à faire. Car malheureusement, on le sait, il y a une conjonction de l'inflammation chronique, de l'effet du VIH, et de certains médicaments, qui font que certains organes de patients malades vieillissent beaucoup plus vite que chez les autres.
Actuellement, même si les malades rejoignent l'espérance de vie des non-malades, ils ont en général un organisme de 10 ans plus vieux que les autres avec des pathologies liées au virus du VIH (diabète, hypercholestérolémie...)
Enfin, où en est la recherche vaccinale ?
Pr Gilles Pialoux : La recherche vaccinale préventive contre la VIH est plutôt en difficulté actuellement parce que les essais d'efficacité en phase 3 sont plutôt négatifs pour trois d'entre eux. Un quatrième est positif mais avec un taux de protection très inférieur à tous les outils de prévention que l'on a.
Il ne faut toutefois pas abandonner l'espoir d'un vaccin. C'est d'ailleurs pour ça qu'il est important de donner lors du Sidaction. Pour financer aussi ce segment de recherche afin qu'il ne soit pas abandonné. Dans le monde, l'année dernière, 35,3 millions de personnes vivaient avec le VIH. Et avec près d’un adulte sur 20 porteur du virus, l’Afrique subsaharienne demeurait la région la plus touchée concentrant 69 % des personnes vivant avec le virus dans le monde.
Face à ces chiffres, la France n'est malheureusement pas à l'abri. La preuve lors du dernier BEH, on a appris que 6 372 nouvelles personnes avaient découvert leur séropositivité en France en 2012.