La crainte de générer un appel d'air vers les hôpitaux coûteux
Pour le président de la FNMF, Etienne Caniard, une telle mesure risque de générer « un appel d'air vers les hôpitaux, coûteux et contraire à une bonne prise en charge des patients. » Il s'étonne d'ailleurs de plusieurs préconisations de cette note qui, selon lui, pourraient aggraver encore « certains déséquilibres actuels du système de santé. »
Pour justifier ces craintes, la Mutualité française rappelle que la France se caractérise déjà par un taux d'hospitalisation beaucoup plus important que celui existant au sein de pays comparables (30 % d'hospitalisations en plus par rapport à la moyenne des pays de l'OCDE). Elle ajoute à ce titre que l'offre de premier recours doit plutôt être développée « en créant de véritables parcours de soins conformément aux objectifs définis par la stratégie nationale de santé (SNS). »
Par ailleurs, la Fédération pense que le souhait prononcé par le CAE de mettre en place une concurrence accrue entre des complémentaires offrant des contrats au contenu administré offrirait « peu d'intérêt, notamment parce qu'elle ne contribuerait ni à l'organisation du parcours de soins des patients, ni à la régulation de l'offre. » Pour elles, c'est au contraire une meilleure organisation du marché des complémentaires, par le biais d'un contrat solidaire et responsable rénové vers laquelle les pouvoirs publics doivent tendre. En cela, elle appelle d'ores et déjà à des propositions novatrices des pouvoirs publics sur la base d'un débat associant l'ensemble des acteurs.
Seul motif de satisfecit pour Etienne Caniard, « la dénonciation par le Conseil de la liberté tarifaire du secteur 2 des médecins libéraux et de certains biens médicaux, notamment l'optique, comme source principale de l'aggravation du renoncement aux soins. » Les trois économistes ont semble-t-il conforter la Mutualité Française dans sa demande, récurrente, de mise en place d'une réelle maîtrise des tarifs.
Des idées navrantes et dépassés, selon les médecins libéraux
Et justement, les médecins libéraux ont eux aussi réagi à ces propostions chocs du Conseil d'analyse économique. Avec en premier lieu, un communiqué acerbe de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), le premier syndicat de médecins libéraux. Dans ce texte publié jeudi, ces médecins se disaient consternés par la note du CAE qui, pour eux, concentre en un seul document « les idées les plus navrantes et les plus dépassées sur l'assurance maladie. »
Selon eux, pour le CAE, « réformer signifie étatiser les soins de ville en mettant en oeuvre un pilotage décentralisé confié aux ARS chargées d'introduire le salariat. » L'idée d'une contractualisation directe entre les organismes financeurs, c'est-à-dire les ARS, les assureurs, et les médecins libéraux en fixant a priori les tarifs, le type de paiement et en revenant à des tarifs flottants en est pour ces médecins libéraux la preuve.
Enfin, la CSMF enfonce le clou et conclut : « L'objectif du CAE est simple: détruire le système conventionnel, éliminer l'assurance maladie, pour étatiser la médecine de ville et transformer les médecins libéraux en salariés des ARS. A un tel scénario, la réponse de la CSMF est non, trois fois non. Nous demandons au gouvernement d'écarter ces propositions ! »