L’ocytocine, hormone de l’amour… et du mensonge. Selon une étude, parue ce 4 mars dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), cette hormone inciterait à mentir dans l’intérêt du plus grand nombre.
Des élèves qui mentent pour protéger leurs camarades, des familles qui déforment la réalité pour protéger l’un des membres… Ces réactions « malhonnêtes » pourraient s’expliquer en un mot : ocytocine. Cette hormone est impliquée dans la reproduction sexuée, mais participe aussi à la création de liens affectifs. Elle serait ainsi à l’origine de la reconnaissance sociale ou de la création de liens entre la mère et son bébé. Selon cette étude, menée par les universités d’Amsterdam (Pays-Bas) et de Ben-Gourion du Néguev (Israël), ce neuropeptide pousse aussi à mentir, particulièrement quand le bien être du groupe est en jeu.
Mentir pour les gains, pas les pertes
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont suivi 60 participants volontaires, séparés en deux groupes. Les uns ont inhalé de l’ocytocine, les autres un placebo. Tous ont participé à un jeu de pile ou face, avec des enjeux financiers. Si les prédictions des participants s’avéraient justes, le groupe remportait de l’argent. Les volontaires eux-mêmes notaient les résultats du jeu. Ceux du groupe ocytocine ont davantage menti ou triché que les autres dans ces conditions. Mais toutes les causes ne sont pas bonnes pour cette hormones : quand des pertes étaient en jeu, ou si les gains ne profitaient qu’aux individus, elle n’avait étonnamment aucun effet. « Les effets du traitement émergeaient quand le mensonge avait des conséquences financières et que de l’argent pouvait être gagné. Quand des pertes étaient en jeu, les individus sous placebo ou sous ocytocine mentaient dans les mêmes proportions », notent les chercheurs.
Le mensonge collectif n’est donc pas uniquement social, nous apprend cette étude : c’est l’organisme lui-même qui motive certaines de ces décisions. « Pour protéger et alimenter le bien-être des autres, les êtres humains ont tendance à déformer la vérité », expliquent les auteurs de l’étude. « Ici, nous associons ces tendances à l’ocytocine, un neuropeptide connu pour alimenter l’affiliation et la coopération avec les autres. » Et ces mécaniques de groupe peuvent être variées : « Les gens sont prêts à contourner les règles éthiques pour aider leurs proches, comme une équipe ou leur famille », estime le Dr Shaul Shalvi. A défaut de justification morale, cette étude fournira au moins une explication.