Depuis son accident de voiture à 20 ans, Rob Summers n’aurait jamais dû remarcher. Sa colonne vertébrale était gravement atteinte, sans espoir de guérison selon ses médecins. Grâce à un implant de stimulation épidurale, il est désormais capable de bouger ses jambes, de soulever des charges... et même de marcher avec une aide ! Trois autres hommes ont bénéficié de cette technique d’avant-garde, présentée dans Brain ce 8 avril.
Bouger les hanches, les genoux et les orteils
Ces 4 patients étaient considérés comme totalement paralysés des jambes depuis plusieurs années. Dans le cadre de cette étude, ils ont intégré un programme mis en place à l’Institut Frazier, qui travaille avec l’université de Louisville (Kentucky, Etats-Unis). Les chercheurs ont implanté aux hommes des stimulateurs épiduraux. Chaque stimulateur délivre un courant électrique en continu dans la partie basse de la colonne vertébrale (la colonne lombo-sacrée). Ce signal mime ceux que le cerveau envoie normalement aux hanches, genoux, chevilles et orteils pour initier leur mouvement.
Cette expérience a commencé avec Rob Summers, en 2011. Après l’intervention, il a récupéré une partie de sa fonction motrice. Les autres patients, implantés trois ans plus tard, ont également pu bouger leurs jambes immédiatement après l’activation du stimulateur. « Chez deux des quatre patients, on a diagnostiqué une incapacité motrice et sensorielle totale, avec aucune chance de récupération », précise Claudia Angeli, auteur principal. « Grâce à la stimulation épidurale, ils peuvent maintenant bouger leurs hanches, leurs chevilles et leurs orteils. »
Contrôle retrouvé de la vessie
Ces résultats sont d’autant plus inattendus que le handicap était complet. Selon l’équipe, il est possible que, même dans ces blessures, certains chemins de transmission soient restés intacts. En effet, couplée à la rééducation, la stimulation épidurale a permis de « réapprendre » à la colonne comment recevoir les messages. L’intensité du courant a même pu être réduite. « L’idée selon laquelle aucune récupération n’est possible, et que la paralysie complète est définitive, est sérieusement remise en question », estime le Dr Susan Harkema, auteur de la première étude.
Au-delà de la récupération de la fonction motrice, c’est la santé globale des participants qui s’est améliorée : leur masse musculaire a augmenté, leur pression sanguine se régule mieux, ils ressentent moins de fatigue et plus de bien être. Ils ont même pu soulever des charges sans aide.
« Ces recherches soulèvent un nombre impressionnant de possibilités sur comment développer des interventions qui aident les gens à récupérer une mobilité qu’ils ont perdue », s’enthousiasme Reggie Edgerton, qui a participé à l’étude. « Le circuit de la colonne vertébrale est remarquablement résistant. Une fois que vous le réveillez et que vous l’activez, de nombreux systèmes physiologiques qui sont intimement liés et qui étaient dormants se remettent en jeu. » Rob Summers a, par exemple, retrouvé l’usage de ses mains, mais aussi le contrôle de sa vessie, de ses organes sexuels ainsi que la capacité à transpirer.
Regardez le témoignage de l’équipe et des participants :