Accidents vasculaires cérébraux, maladies d’Alzheimer, de Parkinson, scléroses en plaques, épilepsies, les hospitalisations pour maladies neurologiques pèsent de plus en plus lourd sur notre système de santé. Une étude présentée la semaine dernière aux Journées de neurologie de langue française à Strasbourg et signalée par l’Agence de presse médicale montre qu’entre 2000 et 2012, le nombre d’hospitalisations pour pathologie neurologique est passé de 495 000 à 587 000 par an, soit une augmentation de 19% en 12 ans. Et la hausse est amenée à s’accentuer encore du fait du vieillissement de la population qui s’accompagne inévitablement d’une augmentation des pathologies neuro-vasculaires et neuro-dégénératives. « Mais aussi parce que peu de domaines médicaux vont évoluer autant que la neurologie dans les années qui viennent. On va comprendre de mieux en mieux le fonctionnement du cerveau, disposer de plus en plus de moyens neuro-radiologiques et il faudra hospitaliser les patients pour utiliser ces outils d’investigation des symptômes », explique l’un des auteurs de cette étude, le Dr Emmanuel Ellie, neurologue au Centre hospitalier de la Côte Basque à Bayonne.
Ecoutez le Dr Emmanuel Ellie, neurologue au Centre hospitalier de la Côte Basque à Bayonne : « Il n’y a que 2000 neurologues en France, 3 fois moins que de cardiologues, c’est probablement trop peu face au défi qui nous attend. »
L’hôpital ne pourra pas assumer seul
La difficulté tient également à la répartition de ces neurologues. Pour les 2/3 d’entre eux, ils exercent à l’hôpital. Or l’hôpital ne pourra pas, et ce n’est pas son rôle, assumer la prise en charge au long cours des patients atteints d’Alzheimer ou de Parkinson par exemple. Pour faire face à cette explosion annoncée des maladies neurologiques, le système de santé français doit donc se doter de structures médico-sociales pouvant accueillir ces malades mais également d’un tissu de neurologues exerçant en cabinet de ville sur tout le territoire français pour assurer le suivi de ces pathologies chroniques.
Ecoutez le Dr Emmanuel Ellie : « Dans les villes moyennes, faute de CHU, il y a moins de neurologues et ils sont moins spécialisés. Il est important de développer des centres experts en dehors des CHU aussi. »
La prise en charge des maladies neurologiques offre d’ailleurs déjà deux exemples réussis de maillage territorial : les unités neurovasculaires (UNV) qui assurent partout en France la prise en charge en urgence des personnes victimes d’accidents vasculaires cérébraux et les consultations mémoire permettant le repérage de la maladie d’Alzheimer.
Une révolution démographique à anticiper
Mais le secteur de la santé n’est pas le seul concerné, c’est toute la société qui doit s’adapter à cette révolution démographique. En 2060, un tiers des Français aura plus de 60 ans et les personnes âgées de plus de 85 ans seront 5 millions, contre 1,4 million aujourd’hui. L’avancée en âge de la population s’accompagnant d’une augmentation prévisible des maladies, neurologiques ou non, la stratégie nationale de santé que prépare Marisol Touraine pour la fin de l’année 2014 devrait comporter un volet « personnes âgées ». L’objectif est notamment de parvenir à mieux articuler la prise en charge à domicile, en médecine de ville, en Ehpad et à l’hôpital des futurs seniors. Pour toutes les questions de financement de la dépendance, de logement, de transports ou encore de soutien aux aidants, la grande loi d’orientation et de programmation pour l’adaptation de la société au vieillissement conçue par l’ex-ministre déléguée aux personnes âgées Michelle Delaunay aurait dû figurer hier à l’ordre du jour du conseil des ministres. Le remaniement ministériel a visiblement bousculé le calendrier. A peine nommée, Laurence Rossignol, la nouvelle secrétaire d’Etat à la famille et aux personnes âgées est donc très attendue par tous les acteurs de ce dossier.