La survie à 30 jours après une chirurgie cardiaque est une référence chez la plupart des médecins… pas toujours pour le meilleur. Dans le journal Health Services Research, un chercheur de Johns Hopkins Medicine met en évidence un pic de mortalité au 31e jour auquel aucune explication médicale ne peut être apportée.
Le Dr Bryan Maxwell, qui a mené l’étude, a utilisé une base de données nationale contenant les dossiers médicaux de 595 000 patients admis pour une chirurgie cardiaque. La plupart ont subi un pontage ou une chirurgie valvulaire. Environ 19 500 patients sont décédés suite à l’opération. Deux pics se dessinent: à 6 jours et à 30 jours. Le premier était déjà connu et s’explique par l’espace rapproché entre la récupération habituelle et l’émergence des complications post-opératoires.
Un risque accru de 35 %
Le pic de mortalité à 30 jours est difficilement explicable. Le Dr Maxwell avance plusieurs hypothèses. Il estime qu’à cette période, les patients en bonne santé ont déjà pu quitter l’hôpital. Ceux qui restent sont alors des cas compliqués ou très malades. Mais « nous n’avons aucune explication médicale valable », reconnaît-il. Le chercheur exprime en revanche ses craintes quant à une évolution du comportement des médecins. Passés 30 jours, il est possible que le traitement se relâche dès que l’opération est considérée comme un succès.
Pourtant, signale le Dr Bryan Maxwell, ce délai de 30 jours est purement arbitraire. Il n’indique rien sur les chances de survie du patient. Ce repère pourrait même apporter trop d’espoir aux patients et aux familles des patients, et prolonger inutilement le séjour à l’hôpital, selon les cas. L’effet néfaste de cette date symbolique est en tout cas indéniable : le risque de décéder le 31e suivant une opération du cœur s’élève à 1%. La semaine précédente, ce risque ne dépasse pas 0,81%... ce qui représente une hausse de 35%. Il s’agit surtout de la plus forte variation sur une durée de 60 jours.