Dans son point sur l’évolution des dépenses de santé présenté ce jeudi, la Caisse nationale d’Assurance maladie (CNAM) note avec satisfaction une inflexion pour l'année 2013 : « Cela fait deux ans que la dépense diminue, légèrement, mais de manière notable pour notre équilibre financier », s'est félicité le président, Frédéric Van Roekeghem.
Les prix des médicaments en ville sont en baisse pour la deuxième année de suite permettant d'économiser 800 millions d’euros. Les génériques ne sont pas non plus étrangers à cette progression. Le taux de substitution, opération qui permet au pharmacien de remplacer un médicament princeps par son générique, a encore grimpé au cours de l’année passée, pour s’établir à 82 % en décembre, soit au total 1,6 milliards d’euros économisés. Les Français semblent aussi plus raisonnables pour les épisodes aigus : c’est dans ce domaine que la plus forte baisse des remboursements est enregistrée.
La CNAM n'oublie pas pour autant ses problèmes persistants : le nombre de boîtes vendues continue d'augmenter (+1,2%), surtout parmi les spécialités remboursées à 100 %.
Comme les années précédentes, le bilan souligne que les prescriptions concernent souvent des médicaments coûteux. C’est d’ailleurs « le principal facteur de croissance » des dépenses. Le palmarès des produits les plus vendus le confirme : le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) Lucentis figure en tête du classement, comme en 2012. Le médicament fait d'ailleurs l'objet d'une enquête de l'Autorité de la concurrence, qui soupçonne son fabricant Novartis de « pratiques anticoncurrentielles » en accord avec Roche - fabricant de l'Avastin, moins cher et utilisé officieusement. « Nous nous félicitons que l'Autorité de la concurrence ait décidé d'ouvrir une enquête préliminaire, et nous espérons que ses décisions seront à la hauteur de celles prises en Italie », a commenté Frédéric Van Roekeghem.
Médicaments anti-rhumatismes et hypolipémiants se partagent le reste du « top 5 » des plus remboursés. Figurent également dans ce palmarès les anticancéreux, dont les tarifs « extravagants » sont souvent décriés. Seul le Doliprane (4e position) fait exception dans cette liste de médicaments coûteux.
La France est aussi championne d’Europe en termes de dépenses dans les médicaments. En moyenne, chaque habitant a déboursé 95 € pour se soigner en 2013. L’Italie et l’Espagne suivent loin derrière, avec respectivement 76 et 72 € par tête. En volume, le pays arrive en 2e position, talonnant de près le Royaume-Uni avec 413 unités par habitant contre 482 outre-Manche.