« Les résultats de l’Observatoire sociétal du médicament constituent un signal d’alarme pour l’ensemble des acteurs du système de santé, car la confiance dans le médicament est une construction collective », explique le Leem, l’organisation professionnelle fédérant les entreprises du secteur dans un communiqué publié ce jeudi.
Pour la première fois en quatre ans, les résultats de l'enquête Ipsos (1) mettent en évidence une érosion de la confiance des Français avec une baisse de 12 points entre 2013 et 2014 (87 % contre 75 %). Il est urgent d’agir pour ne pas laisser ce climat de défiance s’installer, indiquent les spécialistes. « En matière de médicament, les autorités publiques ont perdu de la crédibilité et les lanceurs d’alerte, même s’ils sont bien évidemment nécessaires, sont plus écoutés par le public », appuie Philippe Lamoureux, directeur général du Leem.
La confiance sur le point de basculer
Les répercussions en terme de santé publique inquiètent les professionnles du secteur. Avec une baisse de l'observance vis-à-vis de traitements indispensables et un relâchement dans la vaccination, comme pour la coqueluche, par exemple.
« ll y a un rapport très fort en France à la Science, observe Daniel Boy, directeur de recherche au Centre de recherche politique de Sciences Po. Même si, jusque là, le médicament a été préservé de cette crise confiance dans la société française, en 2014 on est sur le point de basculement ». Selon lui, l’affaire Mediator n’a pas suffi à ébranler cette confiance. « C’est bien l’accumulation des crises qui a semé des doutes et effrité la confiance », estime-t-il.
Et la France semble être dans une situation singulière, poursuit ce sociologue. Les pays du Nord comme la Norvège n’ont pas un tel climat de défiance. Les Français ont un lien d’engagement très fort avec les médicaments, soulgine Daniel Boy. Près d'un Français sur deux en prend tous les jours.
Plus d’informations
Le manque d’information ressenti par la population pourrait également expliquer ces doutes. 82 % des personnes interrogés se sentent par exemple mal informés sur la balance bénéfice-risque des traitements. Les mielleurs interloctueurs restent, pour eux, les professionnels de santé comme leurs médecins à 94 %, les infirmières à 89 % ou encore en les pharmaciens à 87 %. La notice des médicaments reste un élément d’information précieux pour une majorité de Français. A l’inverse, seuls 43 % des usagers ont confiance dans les laboratoires pharmaceutiques, 31% dans la radio et 24% dans Internet.
Une nécessité de pédagogie et de transparence
« Outre, le phénomène de défiance généralisée qui se développe dans la société française, la multiplication d’informations plus ou moins fiables et non hiérarchisées … ont contribué au recul de la confiance des Français constaté cette année », conclut le Leem. Mais comment calmer les inquiétudes ? « Cela passera forcément par plus de transparence. Certaines sociétés ont déjà commencé, et, au long cours, on observe très bien en sociologie que cela fonctionne », analysele sociologue. Pour le Leem,b la population française manifeste un véritable besoin de pédagogie auquel tous les acteurs du médicament se doivent de contribuer.
(1) Réalisée entre le 24 février et le 3 mars 2014 sur 1017 individus représentatifs de la population nationale