Le roaccutane, un médicament contre l'acné, est fortement contre-indiqué chez les femmes enceintes et seulement dans des conditions bien particulières chez celles en âge de procréer. Ces contre-indications sont connues depuis de nombreuses années et pourtant un certain nombre de femmes enceintes sont encore exposées au roaccutane.
D'après le bilan français de 25 années de suivi de ce médicament pendant la grossesse, réalisé par le centre de pharmacovigilance de Tours et relayé par le Quotidien du médecin, il y a "une persistance des grossesses exposées à l'isotrétinoïne. L'incidence est estimée entre 0,32 et 0,95 pour 1000 femmes traitées en âge de procréer," indiquent les auteurs de ces travaux publiés dans la revue Thérapie. Un léger fléchissement des grossesses exposées est enregistré depuis 2010 mais reste à confirmer cette tendance.
Des prises de risque largement évitables
Ce bilan est d'autant plus inquiétant que selon ses auteurs, "ces grossesses étaient presque toujours évitables, car le plus souvent dues à un non-respect des conditions de prescription et de délivrance." Pour éviter des interruptions médicales de grossesse, des fausses couches spontanées, ou encore des naissances d'enfants avec malformations, les pharmacologues plaident donc pour que le Roaccutane soit conditionné de façon plus stricte et que les conditions de délivrance du médicament soient scrupuleusement respectées.
Des malformations dans 25% des cas
L'isotrétinoïne, utilisé dans le traitement de l'acné, est un des médicaments les plus tératogènes. Autrement dit un de ceux qui présente le plus de malformations congénitales. En effet, le centre de référence sur les agents tératogènes (Crat) précise que l'isotrétinoïne par voie orale entraîne des malformations chez l'enfant à naître dans 20 à 25% des cas. Cette molécule porte gravement atteinte à différents organes : le coeur, le système nerveux central, l'oreille. La période à risque concerne essentiellement les deux premiers mois de grossesse.