« Ne jamais remettre à demain ce que l'on peut faire après-demain », déclarait Mark Twain. Ce célèbre procrastinateur aurait sans doute été très intéressé par la récente étude de l’université du Colorado à Boulder (Etats-Unis). Elle affirme que la procrastination serait inscrite dans le code génétique. Parue dans Psychological Science, elle montre aussi que ce trait de caractère serait lié à l'impulsivité, également écrite dans les gènes.
L’explication vient de nos ancêtres
Procrastination et impulsivité auraient les mêmes racines selon cette étude. Au cœur du problème : la capacité à se fixer un objectif et à maintenir son cap jusqu’à la réussite. « Tout le monde procrastine de temps à autre », reconnaît l’auteur principal, Daniel Gustavson. « Nous voulions savoir pourquoi certains procrastinent plus que d’autres, et pourquoi les procrastinateurs ont plus tendance à être impulsifs et à agir sans réfléchir. Répondre à cela fournirait des pistes intéressantes sur ce qu’est la procrastination, pourquoi elle apparaît et comment la minimiser. »
Plusieurs études ont déjà observé un lien entre la procrastination et l’impulsivité. Celle-ci détermine une première origine à cette association, qui tient compte de l’évolution. Nos ancêtres ayant des lendemains incertains, ils recherchaient des résultats immédiats, ce qui explique l’impulsivité. La procrastination, elle, proviendrait d’un passé plus récent : n’ayant plus besoin d’assurer une survie immédiate, nos ancêtres ont pris le temps de se fixer des objectifs lointains. Mais cette théorie évolutionniste ne tient pas compte de la tendance des procrastinateurs à agir sur un coup de tête…
Un « coup de pouce » génétique
Pour répondre à ce « mystère », l’équipe de Daniel Gustavson a étudié 181 paires de jumeaux identiques et 166 paires de faux jumeaux. Ils ont observé que la procrastination, comme l’impulsivité, nous viennent d’une influence génétique… et il existe un chevauchement entre les deux traits de caractère. Ce qui suggère que la procrastination est un effet collatéral de l’impulsivité. Cela créerait donc une interaction, ou plutôt une distraction, lorsqu’on poursuit un objectif sur le long terme. Les procrastinateurs auront tendance à succomber à une récompense sur le court terme, abandonnant leur but ultime.
Le lien génétique entre procrastination et impulsivité intervient aussi avec la capacité à gérer ses ambitions, ce qui soutient l’idée que les faits de reporter, prendre des décisions soudaines ou échouer à accomplir ses objectifs auraient tous la même origine génétique. Les chercheurs veulent à présent découvrir si ces deux traits de caractère sont liés à des capacités cognitives telles que les fonctions exécutives, et s’ils influencent l’auto-régulation au quotidien. « En apprendre plus sur les fondements de la procrastination pourrait aider à développer des méthodes pour la prévenir, et nous aider à surmonter nos tendances tenaces à être distrait et perdre de vue sa tâche », conclut Gustavson.
Pour autant, pas question d’invoquer Charles Darwin ou Zola et son explication par l’hérédité à chaque échec. Comme le soulignent les auteurs, il s’agit d’une influence génétique, un coup de pouce pour ainsi dire. L’éducation et la volonté font le reste.